La Camargue est une terre de contrastes. Espace ambivalent, où un équilibre fragile est omniprésent : la terre côtoie les eaux, entre oiseaux et taureaux, bleu azur et blanc immaculé. Au sein de ce décor de cinéma aux milles facettes se trouve L'hôtel de Cacharel. Un endroit où les cavaliers du monde entier se pressent depuis les années 50 pour admirer les paysages camarguais si singuliers. Nous sommes partis à la rencontre de Florian, propriétaire et gérant de Cacharel, et fils de Denys Colomb de Daunant, écrivain, poète, photographe, cinéaste et manadier à l’origine du film Crin Blanc.
Un lieu chargé d'histoires
C'est dans la salle rustique de restauration de l'hôtel de Cacharel que Florian Colomb de Daunant nous reçoit. Sur les murs sont exposées des centaines de photos et affiches diverses, toutes témoins de l'héritage laissé par son père Denys, personnage que la Camargue n'oubliera jamais. Avec ses mots, Florian nous fait le récit de cet homme fraichement débarqué de Nîmes.
Ce manadier a acheté en 1947 le lieu-dit de Cacharel, pour y construire sa maison afin d'y vivre. En 1949, il épouse Monique Bonis, la petite fille de celui que l'on appelle encore aujourd'hui « l'inventeur de la Camargue » : le marquis de Baroncelli. À son contact, Denys prend conscience de l’unicité de ce patrimoine culturel provençal, qu'il s'obstinera à protéger et à transmettre toute sa vie durant à travers ses multiples réalisations.
En épousant Monique Bonis, mon père a épousé la Camargue et toutes ses traditions
Dans les années 1950, il se lie d'amitié avec le réalisateur Albert Lamorisse, et commence l'écriture de Crin Blanc. Entouré de ses chevaux et taureaux, l'histoire de ce court-métrage qui marquera toute une génération se dessine progressivement, et la véracité de la réalité quotidienne de Cacharel infuse progressivement le scenario. En 1953, le film sort et gagne le très convoité grand prix du court-métrage à Cannes, ainsi que le prix Jean-Vigo.
Le succès de Crin Blanc provoque rapidement un engouement généralisé, et encourage les spectateurs du monde entier à venir découvrir cette terre particulière. Cacharel sera le premier lieu de la Camargue à proposer des ballades à cheval, et suivra en 1954 l'habilitation de la maison en hôtel. 3 chambres rustiques, sans eau, sans téléphone, sans électricité, sont proposées aux cavaliers de passage. Ce seront les premières années de l'Hôtel de Cacharel.
Séjourner à l'hôtel de Cacharel
Si l'idée originelle de Cacharel est de faire vivre les visiteurs au rythme de la Camargue, et de les faire appréhender paisiblement les traditions autochtones, celle-ci n'a pas énormément changée. 69 ans plus tard, l'Hôtel Cacharel fait perdurer le souhait initial de proposer aux gens de passage une expérience complète, loin du bruissement de la ville.
Depuis 1985 c'est Florian qui perpétue la tradition tout en concédant quelques touches de modernités. Défenseur fidèle de la Camargue, il œuvre au quotidien pour préserver l'héritage légué.
L'hôtel a désormais une capacité de 16 chambres dotées de tout le confort moderne, sans concession sur l'excellence hôtelière, et surtout avec une âme particulière et chaleureuse qui se dégage. Plutôt que de devenir un lieu « à la mode », l 'équipe mise sur l'authenticité et l'ode à la simplicité. Les personnes qui s'y retrouvent cherchent le dépaysement et la lenteur. Ici, les clients ne viennent pas par hasard, puisque certains s'y relaxent depuis plus de 5 générations. Pour les chaudes journées, une belle piscine se cache à l'abri des lauriers.
Afin de se sustenter, les clients se retrouvent dans la salle commune, avec la possibilité de dîner sur réservation. Une carte simple, aux produits traditionnels camarguais à l'instar du saucisson de taureau, de la riste d'aubergines - sorte de ratatouille du pays d'Arles – ou de la célèbre gardiane. Tout est pensé pour que les visiteurs s'immergent dans un quotidien différent
Un établissement ancré sur son territoire : la Camargue
Situé dans les Saintes-Maries de la Mer et enclavé au milieu de la réserve naturelle de la Camargue sauvage, l'hôtel est niché dans une propriété privée de 70 hectares, avec la nature brute pour seule voisine.
Les activités proposées dans la région sont nombreuses. S'il est toujours possible de venir à cheval, où la monture sera prise en charge par une équipe dédiée à son confort, l'Hôtel de Cacharel propose bien évidemment des balades équestres en groupe très restreint, pour les novices comme pour les experts : jamais plus de 7 à 8 chevaux pour garantir une expérience agréable et personnalisée sur 1, 2 , 3 heures, ou même toute la journée pour les bons cavaliers.
L'hôtel met des vélos à disposition, afin de visiter les lieux alentours. Parmi les itinéraires recommandés figurent la visite des Saintes-Maries, de Aigues-Mortes, ou bien le tour de l'étang de Vaccarès pour les cyclistes les plus chevronnés. Les plages de sable fin qui s'étirent à perte de vue ne sont pas en reste, et sont facilement accessibles en vélo ou en voiture.
Enfin, Cacharel est un point idéal pour les amateurs d'observation ornithologique. Des dizaines d'espèces d'oiseaux ont trouvé refuge à proximité : iconiques flamants roses, martins-pêcheurs, aigrettes, hérons, cygnes et autres cigognes.
C'est un fait, la Camargue nourrit toujours autant de fantasmes, et continue de faire rêver : en 2007, le New York Times considérait Crin Blanc comme l'un des meilleurs film pour enfant de tous les temps.
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