Marion Baldassi : vivre avec les chevaux de Camargue
Publiée le lun 27/03/2023 - 11:32 / mis à jour le ven 17/11/2023 - 09:50
En Camargue, nous pénétrons une terre rustique et profonde. Au bord de marais scintillants, bordés de roseaux, apparaissent les cabanes des gardians. L’ambiance est posée dans un ranch aux allures de western : sous la lumière tranchante, une roulotte de gitan surgit dans la pénombre. C’est ici que Marion Baldassi est venue vivre sa passion : la vie de gardian.
La route de Cacharel
En longeant la réserve naturelle de Camargue, près des Saintes Maries de la mer, la route de Cacharel est magnétique et sauvage sous le soleil d’hiver. Les étangs sont recouverts de tapis de plantes halophiles dorées, comme la salicorne, une algue gorgée de sel dont se régalent les chevaux. Quelques aigrettes se trempent les gambettes devant un cygne médusé ; on n’a qu’une envie : se laisser aller à la contemplation de la faune foisonnante. Aux Cabanes de Cacharel, les écuries sont animées toute l’année. On s'y s’emploie à faire vivre galons, arçons et sangles qui forment l’harnachement millénaire des gardians.

Marion Baldassi, une « gardian » amoureuse
Marion, 36 ans, vous reçoit comme tout droit sortie d’un roman de Steinbeck. Longue natte brune sur l’épaule, vêtue d’un béret et d’un pantalon de moleskine typiques. Originaire de Grasse, enfermée des années en cuisine, elle n’écoutait pas l’appel de sa passion pour les chevaux. Puis un jour, elle plaque tout pour rejoindre les terres vibrantes des Saintes. « Je suis tombée amoureuse de la Camargue ! D’un état de souffrance je suis passée à un véritable rêve ! ».
Quand on lui demande si le terme « Gardian » peut se conjuguer au féminin, elle répond d’un sourire malin : « Moi je ne connais que la Gardianne de taureau ! » ( Plat en sauce ). En effet, dans cette région traditionnelle, être gardian était autrefois une affaire d’hommes. « A l’époque les taureaux vaquaient en liberté, il n’y avait pas de clôtures, ils gardaient les bêtes à cheval. Puis, l’ère des barbelés est arrivée et les gardians se sont reconvertis dans le tourisme et les fêtes populaires. »


Etre gardian, c’est avant tout un mode de vie. Regardez cette nature, je suis émerveillée par tout ici !
Un vol de flamands roses majestueux dans le ciel impose l’évidence. C’est grâce au besoin croissant d’employés dans les manades de la région que les femmes se sont naturellement intégrées dans la tradition en tant que guides. « Ici, on fait le gardian essentiellement pour des séances photos dans les marais. L’art consiste à encadrer les troupeaux de taureaux et de chevaux en liberté, de les diriger, de leur faire faire des passages dans l’eau. »
Le cheval de Camargue, c’est comme un chien de berger
« Le cheval de Camargue, c’est comme un chien de berger, il a un réel instinct de tri ». C’est en roulant son tabac, l’air fragile et dure à la fois, que Marion me raconte son amour des chevaux de Camargue. « C’est une race rustique, robuste, il ne peut pas arriver grand chose au Camarguais ! ». On le dit « né de l'écume de la mer », certains l’appellent le « Centaure des marais », on l’aura compris, le cheval camarguais fait fantasmer les romantiques.


On repère les meilleures trieuses car elles chassent les chiens, poursuivent les petites bêtes et ont de la curiosité
Dans le passé, les Hongres, mâles castrés, étaient utilisés pour le tri du bétail. A présent, on considère le talent des juments, confirme notre femme gardian. « Ici, on repère les meilleures trieuses car elles chassent les chiens, poursuivent les petites bêtes et ont de la curiosité ». En naissant dans leur milieu naturel, les chevaux développent un instinct infaillible et un comportement social. « Chez nous, les taureaux et les chevaux se reproduisent en liberté sans intervention humaine. C’est ce qui détermine les caractéristiques de la race. Notre éthique est basée sur le suivi du comportement naturel de l’animal ». S’il y avait un rêve encore plus fou que Marion voudrait réaliser, elle l’avoue : « Faire de l’équitation de travail, une monte primitive où l’on est posé sur le cheval sans selle, ni rênes. J’aimerai atteindre un degrés de compréhension du cheval qui me permette de faire corps avec lui ! ».
- Balades naturalistes dans la réserve de Camargue.
- Stages de tri à cheval : il faut être cavalier confirmé, à l’aise avec les 3 allures.
- Simulation de transhumance : on se déplace dans la réserve avec des chevaux jusqu’au clos de tri et on ramène les bêtes.