Djabril Boukhenaïssi : récit d'une résidence à Lee Ufan Arles
Publiée le jeu 27/06/2024 - 14:00 / mis à jour le ven 05/07/2024 - 16:39
Partageant une même sensibilité au soutien et à la transmission artistique, la fondation Lee Ufan à Arles et la Maison Guerlain se sont associées en 2023 pour créer le Art & Environment Prize, avec l’objectif d’encourager des productions artistiques altruistes et responsables, ouvrant de nouveaux dialogues avec la nature.

Primo lauréat de cette distinction, Djabril Boukhenaïssi, un jeune peintre prometteur, a bénéficié d'une résidence de plusieurs mois dans un atelier arlésien. Cette opportunité lui a permis de créer des œuvres originales qui seront présentées lors d'une exposition dédiée à partir du 1er juillet au dernier étage de Lee Ufan Arles.
Nous avons eu le privilège de le rencontrer le dans son espace de création, où il nous a partagé son parcours, ses inspirations, et comment son séjour temporaire à Arles a influencé son processus créatif.
La disparition de la nuit comme fil conducteur
De l’atelier MA, espace de résidence situé face à Lee Ufan Arles, se dégage une atmosphère sereine et studieuse. Murs immaculés, effluves de térébenthine, tubes de peintures éparpillés ça et là aux dominantes mauves et bleues, et presse de gravure qui trône, imposante, composent le décor.
Des croquis et des esquisses préfigurent l'exposition à venir, donnant le ton. Figurant parmi les 12 personnalités à suivre en 2024 selon Le Monde, Djabril a attiré l'attention par son exploration artistique de la disparition. Pour répondre à l'appel lancé par Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain, il a étendu cette thématique à celle du nocturne, y intégrant une réflexion environnementale accrue : la disparition de la nuit, source d'inspiration millénaire.
Ancrée dans la réalité contemporaine, son hypothèse est simple : la pollution lumineuse entraîne la disparition de la nuit, emportant avec elle tout un univers poétique.
La disparition de la nuit nous dépouille d’un certain imaginaire, d’un réservoir d’images poétiques, auquel on aura plus accès
En enrichissant sa réflexion par des lectures scientifiques et littéraires, notamment des œuvres de la période romantique allemande telles que L'Envers du visible de Max Milner et Hymnes à la nuit de Novalis, Djabril a développé une thèse solide. Son esthétique émerge de ses travaux, avec des motifs récurrents tels que l'arbre, le ciel, et la présence presque fantastique d'apparitions. Pour traduire ses recherches, il combine la gravure et la peinture, techniques qu'il a perfectionnées pendant ses cinq années d'études aux Beaux-Arts de Paris. Il utilise notamment le pastel, souvent délaissé par ses pairs contemporains, qu'il maîtrise pour créer des effets de transparence propices à l'évanescence.


Arles, Terre de création
Pour Djabril, le processus de création en résidence est unique. Bien que les contours de son projet soient définis, avec des moyens et des contraintes précis, il doit rester flexible dans son approche, sans idée préconçue du résultat final. Pressentant que son expérience à Arles influencera son travail, il s'imprègne des espaces, de l'atelier, de la fondation, et de son quotidien dans le Sud.
La découverte des Alyscamps, nécropole romaine au cœur d'Arles, a confirmé son choix de décor pour ses tableaux. La lumière particulière d'Arles, se reflétant sur les monuments, a également modifié sa palette habituelle, enrichissant ses œuvres de teintes roses, jaunes et beiges.
La rencontre avec l'œuvre de Lee Ufan, artiste japonais et théoricien du mouvement Mono-ha, a profondément marqué Djabril. En observant la matérialité des tableaux de Lee Ufan, il a souhaité rendre hommage à cette dimension. Cette résidence a sans aucun doute influencé sa pratique artistique, l'amenant à développer de nouvelles techniques qu'il continuera d'explorer à l'avenir.
La résidence est un temps d’expérimentation, dans lequel Il faut bouleverser le cadre de travail, et s’obliger à se confronter à des nouvelles manières de produire
Pour découvrir l'univers de Djabril Boukhenaïssi, rendez-vous du 1er juillet au 1er septembre 2024 à son exposition "À TÉNÈBRES", à l'Espace MA.

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