AU GALLIFET, NICOLAS MAZET FAIT BOUGER LES LIGNES DE L’ART CONTEMPORAIN

Publiée le lun 19/02/2024 - 09:21 / mis à jour le jeu 22/02/2024 - 14:14

Installé dans une bâtisse qui a vu grandir ses aïeuls, Nicolas Mazet a fait du Gallifet l’antre d’une forme d’art se démarquant des classiques sur lesquels a longtemps misé Aix-en-Provence. Une (très) bonne surprise, mais aussi une preuve que l’art contemporain sait cultiver le sens du partage et être l’affaire de tous. Rencontre avec un passionné passionnant.

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Gallifet

C’est peu dire, quand on pénètre dans la somptueuse cour gravillonnée du Gallifet, que le premier contact visuel fait son petit effet. Avec ses traits inspirés des différentes cultures que l’on retrouve sur les quatre coins de globe, l’œuvre « nager dans le bonheur » de l’artiste sénégalais Diadji Diop accueille en effet à bras ouverts.

Dans le sillage de cette imposante sculpture rouge vif qui, depuis 2013, est devenu le symbole du lieu, Nicolas Mazet reçoit lui aussi avec une simplicité qui a le don mettre immédiatement à l’aise : « Il faudra que vous reveniez aux beaux jours. Quand les arbres sont en fleurs, c’est encore plus joli », charme celui qui est à la tête (et à l’initiative) du centre d’art contemporain aixois depuis - déjà - plus d’une décennie. Au cœur du Mazarin, un quartier reconnaissable pour ses hôtels particuliers qui fleurent bon le XVIIIe siècle, le Gallifet s’inscrit dans la lignée des désormais immanquables adresses d’une ville n’en finissant pas de réécrire son identité arty. Avec un parti-pris bien tranché : « On axe nos expositions sur la création d’artistes vivants, qui ont, je crois, une sensibilité particulière et plus intuitive pour évoquer les thèmes de notre temps et exprimer notre époque » assume Nicolas Mazet.

Une approche que le maître des lieux tient à faire rimer avec accessibilité : « L’art contemporain demeure un domaine avec des « codes » de complexité qui décèlent, à mon sens, une forme d’esbrouffe. Ici, on sort de ces carcans pour créer une connexion et de l’émotion entre le visiteur et les œuvres. C’est d’ailleurs pour cela que je suis attaché au fait de ne proposer des explications que dans un second temps, afin de laisser s’installer le dialogue, et la relation se créer ».

Ici, on sort de ces carcans pour créer une connexion et de l’émotion entre le visiteur et les œuvres.

Saison en trois temps, dîner en cinq

Cette mentalité détonante dans un paysage aixois qui campe historiquement sur une culture acquise via l’héritage des grands noms passés par là, le fondateur du Gallifet la doit à un parcours abreuvé de diversité. Des flâneries d’enfance aux Puces de Saint-Ouen aux influences du Guatemala dont sa mère est originaire, en passant par une pension anglaise dès l’âge de 13 ans ou encore un départ au Japon à la majorité, Nicolas Mazet a fait de l’ouverture d’esprit un crédo.

Elle se traduit, dans son fief du 52 rue Cardinale, par des saisons artistiques en trois temps, où se succèdent chaque année autant de coups de cœur pour des artistes-artisans révélant des savoir-faire ancestraux, la scène émergente et / ou locale (au printemps), puis une carte blanche « sortant des sentiers battus ». On est loin du temps où les lieux abritaient une maison de passe, et de l’époque où Émile Zola et Paul Cézanne fréquentaient les bancs de l’actuel collège Mignet, à quelques pas de là.

Entre deux installations qu’il présente avec un enthousiasme contagieux, Nicolas Mazet s’arrête d’ailleurs sur une cocasserie à propos du célèbre peintre provençal : en début de carrière, « pour faire de la place dans son atelier », il aurait donné plusieurs toiles à une femmes de chambre qui posait pour lui. Une aubaine pour la mère de cette dernière, qui s’est est servi pour alimenter le poêle à bois et chauffer sa maison !

De feu, il en est aussi question au Gallifet qui, pour attirer quelques 40 000 visiteurs par an, façonne également sa recette en cuisine. De juin à octobre, un chef en résidence vient en effet y sublimer les produits locaux dans un restaurant éponyme accueillant 70 couverts le midi, puis une cinquantaine à l’heure du dîner (en cinq temps). Et à l’avenir ? « Contrairement à beaucoup de ville de taille similaire, Aix-en-Provence ne compte toujours pas de musée d’art contemporain », rappelle Nicolas Mazet. « Alors peut-être qu’un jour, si on fait l’acquisition d’un étage supplémentaire de bâtisse qui héberge le centre d’art… ». De quoi continuer à nager dans le bonheur, comme invite à le faire l’œuvre de Diadji Diop…

 

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Exposition Gallifet
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