Port de Bouc se cache derrière son rideau d’immeubles et son chantier naval aperçus depuis la N 568. Souvent bannie des trajectoires touristiques, partons à la rencontre de celles et ceux qui font battre son cœur, les Port de Boucaines et les Port de Boucains. Carnet de voyages dans une cité généreuse et étonnante.
L’outsider des petites cités des Bouches-du-Rhône, 17 000 habitants, Port de Bouc est une ville maritime installée entre Martigues, la Venise Provençale et Fos-sur-mer, la romaine. Son identité est plurielle : Grecs (un jumelage avec l’île de Kalymnos est en cours), Italiens, Espagnols, Gitans, Algériens, les communautés se côtoient et s’apprécient. Ce melting-pot a inspiré beaucoup d’artistes comme le collectif Kanja’roc, le sculpteur Morales ou Rastyron qui y a créé un studio d’enregistrement.
Une identité industrielle et maritime singulière
Port de Bouc ne se livre pas facilement, peut-être à cause de l’empreinte laissée par les Chantiers et Ateliers de Provence, des chantiers navals créés à la fin du 19ème siècle.
Coup d’œil dans le rétroviseur : Port de Bouc, jeune cité créée en 1866, a longtemps vécu grâce à ses industries. Il fut un temps où une sècherie de morue accueillait les terre-neuvas et leur cargaison. Les activités industrielles liées à la chimie et les chantiers navals ont entraîné la création de cités ouvrières, facteur d’enracinement des différentes communautés qui ont donné naissance à une ville multiculturelle.
À la fermeture des chantiers navals en 1966, Port de Bouc a été poussée à rebondir. Aujourd’hui, le port est à la fois dédié à la pêche, au lamanage, à la plaisance et aux nouvelles entreprises comme Clean’Sea Eco, spécialisée dans la dépollution marine et terrestre et fondée par des jeunes issus du quartier populaire des Aigues Douces. « En permanence, on cherche à renouer avec cette belle histoire des chantiers navals qui a marqué toutes les familles de Port de Bouc » commente Christine Gonzalez, directrice de l’office de tourisme.
Un programme de découverte des métiers de la mer a été mis en place par l’office de tourisme avec des visites gratuites dans des lieux habituellement fermés au public comme la maison des pilotes, mais aussi des dégustations à la conserverie « la saveur des calanques » pour se frotter à la fameuse poutargue.
Port de Bouc, populaire, festive et engagée
Ses habitants la défendent bec et ongles. Christine Gonzalez le confirme « Port de Bouc est une ville pauvre mais ses atouts sont l’accueil, la chaleur, le partage, la convivialité.On fait tout avec les tripes et le coeur. Nous avons beaucoup de bénévoles qui, pour l’amour de leur ville, prêtent main-forte lors des nombreux évènements festifs et culturels ».
Même discours de la part de Gilbert Caneri ancien docker et un des administrateurs de la page Facebook « Port de Bouc d’hier et d’aujourd’hui » alimentée en portraits, en photos de classe et en jolies photos du quotidien prises sur le vif. : « J’ai un attachement fort pour ma ville, c’est la plus belle du monde, je ne la quitterai jamais. »
Une des activités phares de l’été, les Sardinades, résume bien l’esprit de Port de Bouc. Cultes et populaires, elles s’épanouissent de juin à août sur le port de plaisance au pied de la capitainerie. Pour Rehila Cadi, responsable des Sardinades, « les sardinades ont permis de faire briller la ville à l’extérieur, bien au-delà du département. Le succès est toujours au rendez-vous depuis plus de 30 ans. »
Culture, street art et sculptures : De l’art pour tous
La ville fait la part belle à la culture avec un centre d’art (Fernand Léger), un théâtre (Le Sémaphore), un conservatoire, un cinéma d’art et d’essai le Méliès, une médiathèque. Toutes ces structures travaillent en synergie sur plusieurs manifestations. Le théâtre sort de ses murs en septembre pour le festival Sem’art rue par exemple.
Les festivals laissent leurs traces dans les rues de la ville. « Les Nouveaux Ateliers », clin d’œil aux chantiers navals, ont créé une diagonale de l’art, du quartier des Aigues Douces aux Comtes, où se déploie une trentaine de fresques réalisées par des artistes renommés comme Bom.K, Koma ou Olivia de Bona. « Port de Bouc est un creuset d’artistes du fait des conditions de vie. Ces galères sont souvent une source de motivation et d’inspiration » explique Patrice Chapelle, leader du groupe Kanjar’oc qui a démarré au centre social des Amarantes. Il n’y a pas que les œuvres picturales. En déambulant sur le cours Landrivon, on tombe nez à nez avec les sculptures un peu folles, souvent géniales de l’enfant de Port de Bouc, Morales.
Mais attention, les atouts de Port de Bouc ne sont pas seulement artistiques, ce serait oublier son slogan touristique « Du bleu de la mer au vert des collines ».
Poumon bleu et poumon vert
Un des secrets les mieux gardés des Port de Boucains : leur littoral, authentique avec de jolies anses faites de sables ou de galets. Il y a donc la plage des Ours, les galets non loin du centre Fernand Léger, la plage des Combattants, la plage de fromage et la plage de Bottaï.
À chacun sa préférée « tout dépend des habitudes que l’on avait lorsqu’on était enfant. On renomme aussi toutes les plages. La plage des Combattants est donc la plage du mur à cause de sa fresque murale restaurée » sourit Christine Gonzalez. Sur cette même plage, l’été, la paillotte « l’Archipel » avec sa vue exceptionnelle est une adresse communiquée sur le bout des lèvres.
Au nord de la ville, pour prendre une bouffée d’oxygène, direction la forêt Domaniale de Castillon avec ses étangs salés, ses pins parasols, sa garrigue provençale et ses sentiers où pratiquer le VTT, la marche à pied jusqu’au site archéologique de St Blaise. Des balades avec un conteur ou la LPO (ligue de protection des oiseaux) sont régulièrement organisées par l’office de tourisme. À noter le sentier de randonnée à Castillon est labellisé tourisme et handicap. Il permet aux fauteuils roulants mais aussi aux poussettes de profiter de ce coin de verdure.
À Port de Bouc, il fait bon vivre. Le bal des mouettes sur le canal de Caronte, son pont qui relie les quartiers, les platanes sur le cours Landrivon, les œuvres sur les murs et dans les rues rendent la ville attachante. Mais c’est dans les yeux de ses habitants qu’elle brille le plus.
• Restaurant le Catamaran
Le restaurant le plus cité par les Port de Boucains qui propose une cuisine française, turque et grecque. Victime de son succès, la réservation est obligatoire. Attention cette institution est fermée le dimanche et le lundi.
• Le Bar-glacier Le Marie Madeleine sur le port Renaissance pour boire un café calé au soleil, face aux bateaux de plaisance.
• Résidence Les Aiguades
Un bel exemple de reconversion : ancien foyer de travailleurs devenu établissement touristique proposant chambres, studios et piscine dans le centre-ville. Plus d'infos ici.