Voyage hors du temps à la Fondation Lee Ufan

C’est en avril dernier qu’un nouveau lieu d’art contemporain a ouvert ses portes à Arles, la fondation Lee Ufan. Cet artiste contemporain incontournable de 86 ans né en Corée tombe amoureux de la ville d'Arles en 2013, lors de son passage aux Rencontres de la Photographie. Une visite qui l’a profondément bouleversé comme beaucoup d’artistes avant lui. « Cette ville a renouvelé mes pensées, ce n’est pas moi qui ai choisi Arles, c’est elle qui m’a choisie. » Rien que ça. 

Je vous emmène découvrir ses œuvres au coeur d'un lieu d'exception restauré par l'architecte Tadao Ando, le même maître Japonais à l’origine du centre d’Art au Château La Coste. Une visite guidée menée par le passionné Léo Martinet car  dans l’art contemporain il est préférable d'avoir quelques explications (clin d’oeil). 
 

La visite commence au rez-de-chaussée, devant une spirale de béton appelé « Relatum, ciel sous terre ». Une installation qui n’hésite pas à jouer avec notre perception et nous dévoile à l'intérieur le ciel sous nos pieds… 

Toutes les œuvres de Lee Ufan sont très contemplatives. Plus loin, se dresse devant nous « Relatum, Chemin vers Arles », une traversée qui nous amène vers le calme et la plénitude.

En avançant dans l'exposition, des questions surgissent : Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Nous marchons sur des ombres en nous demandant si elles existent vraiment. La question de la perception est omniprésente. Ce qui est néanmoins très clair c'est le point commun de chaque œuvre entre elles : les pierres (dont certaines pèsent plus de 500kg). Des pierres semblables à celles que l’on peut retrouver dans les rivières coréennes, là où Lee Ufan se baignait étant enfant. Un élément qui symbolise la nature pour lui et que l’on retrouve un peu partout ici. 

Avant de passer au 1er étage, surprise, nous découvrons les vestiges d’un empereur romain de 160 après JC retrouvé sous l’Hôtel Vernon et restauré par le Musée d’Arles Antique.. Un des nombreux vestiges que l'on peut retrouver à Arles, cette ville antique qui traverse plus de 2000 ans d'histoire.

La visite se poursuit à l'étage et dévoile une autre facette de Lee Ufan, celle d'un artiste peintre. Une très belle rétrospective de son oeuvre y est présentée depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui.

Une peinture unique qui dès les premiers coups d'oeil tend vers la méditation et l’évocation du vide. Lee Ufan a la particularité de retenir sa respiration lorsqu’il peint. Il peut rester jusqu’à 2 minutes en apnée pour réaliser son coup de pinceau du haut jusqu’en bas de la toile. Un geste qui lui est propre et qui le fait rentrer dans un état méditatif à même le sol. 

Après, quelques minutes passées devant chaque toile aux pigments naturels, nous traversons le cabinet de dessins qui datent pour certains de 1964. Une halte remplie d’émotions dans laquelle on retrouve des oeuvres à l’aquarelle mais aussi au fusain. C’est ici que l’on nous propose de découvrir toute l’évolution de son travail. 

Arrivée dans la dernière pièce de l'exposition, nous restons bouches bées, impressionnés par la productivité de cet artiste de 86 ans. C’est ici que Lee Ufan expose ses dernières pièces, plus éclatantes que jamais. Bravo l'artiste.