Elles descendent la montagne à cheval : expérience atypique sur la Sainte-Victoire

Le Rendez-vous est fixé au parking de Bibémus, par une belle journée de septembre. À notre arrivée, nous retrouvons Lila et Zoé, occupées à brosser leurs montures à l’ombre de ces pins que Cézanne a peints maintes et maintes fois. Nos deux cavalières sont professeures d’équitation et ont en commun l’envie de partager leur passion auprès des publics empêchés. 

En quelques minutes, nous sommes présentés à nos montures du jour. Jaco et Hélios, encore un peu endormis, se laissent approcher facilement. Afin de faciliter la balade, Lila et Zoé nous invitent à nous familiariser avec eux en les brossant, les caressant. Le contact avec l’animal est quelque chose de central dans leur démarche.

En parallèle de ces balades adaptées, elles proposent ces ballades à tous les publics, et se rendent aussi dans des établissements spécialisés ou les institutions, accompagnées de leurs chers destriers, afin de rompre l’isolement des personnes qui sont en incapacités de se déplacer.

Après une quinzaine de minutes passées à tisser les liens, vient le temps de seller Jaco et Hélios, sous l’œil attentif de Zoé et Lila. "Nous ne sommes pas dans l’assistanat. Notre idée c’est de permettre un maximum d’autonomie aux personnes qui viennent à nous." Maintenant que les présentations sont faites et que les selles sont installées, il est temps de partir chevaucher.

Sans aucune difficulté, grâce à l’expérience de nos deux cavalières et à la douceur de Jaco et Hélios, nous voilà en selle, au pas, au milieu de cette pinède baignée de soleil qui borde les contreforts de la Sainte Victoire. 

En chemin nous parlons de la démarche de l’association. “ On est résolument dans une optique de tourisme. On souhaite vraiment proposer une activité familiale de loisir.“ Car si au centre de leur démarche il y a l’accueil de personnes en situation de handicap, il est aussi important pour nos deux guides que ces sorties soient inclusives. “On insiste souvent pour que les familles entières puissent venir et partager ce moment. Parce que les aidants familiaux ont un rôle très important, eux aussi.“
 

Sur les conseils de Zoé, étant moi-même handicapé, je suis venu découvrir leur projet accompagné de ma soeur, afin de vivre cette expérience de la plus sincère des manières. Car pour Zoé et Lila, hors de question de ne s’adresser qu’aux publics empêchés. C’est toute la famille qui est accueillie ici, qu’importe les difficultés et les blocages, afin de pouvoir partager, ensemble, un moment de vie, de découverte et de plaisir. “On veut permettre aux enfants en situation de handicap de se rendre compte que leurs parents, eux aussi, découvrant une nouvelle activité, peuvent être en difficulté. Ça rééquilibre les rapports et ça crée des moments marrants.“

Au fil de la balade, entre deux discussions, nous découvrons le magnifique arrière-pays aixois, sa roche ocre, ses forêts de pins et de chênes verts, bercés par les pas des chevaux. Au bout d’une demi-heure d’échange et de rêverie, nous arrivons face à un paysage magnifique. La Sainte Victoire, majestueuse, nous surplombe, réchauffée au soleil de septembre. À ses pieds, le barrage de Zola, lové dans la pinède, reflète, comme un miroir, le ciel bleu de Provence. La balade est à l’image de cette superbe vue que de nombreux marcheurs viennent chercher et que Cézanne passa une vie à représenter dans ses peintures.

Alors que la balade se termine, vient le temps des au revoir. Nous quittons Jaco et Hélios, Zoé et Lila, emplis d’une douce candeur qui ne nous quittera pas de la journée. Ce sont les risques d’un beau moment passé, que je vous invite à vivre par vous-même très bientôt.