Découvrez les trésors enfouis en Méditerranée au Musée Départemental Arles Antique

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Publiée le jeu 08/12/2022 - 16:24 / mis à jour le lun 26/06/2023 - 10:43

Imaginez : un navire pris dans la tempête, le vent déchirant ses voiles. A bord, des matelots qui s’activent pour tenir le cap. Tout d’un coup, un craquement sourd. Le bois de la coque se fend avant de laisser l’inévitable se produire : le bateau fait naufrage, emportant avec lui, au fond de la mer déchaînée, un trésor inestimable. 
 

De Jules Verne à Tintin, en passant par le plus récent Pirates des Caraïbes, ces récits de trésors perdus et d’aventures folles bercent notre imaginaire depuis l’enfance. 

Le Musée Départemental Arles Antique dévoile l’exposition “Trésors du fond des mers, un patrimoine en danger."  qui met à l’honneur ces histoires incroyables de naufrages et de butins perdus mais aussi de pillages et de menaces naturelles aux lourdes conséquences. 

Pour vous donner un avant-goût de ce que vous allez découvrir dans cette exposition hors du commun, je vous dévoile trois histoires de chasse au trésor sous-marin, aussi captivantes que mystérieuses.
 

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Trésors du fond des mers : un patrimoine archéologique en danger

DU FANTASME À LA REALITÉ

Avant de vous en faire le récit, je vous propose de faire un bond dans le passé : direction les années 40 ! A l’époque, un certain Commandant Cousteau, épaulé par l’ingénieur Émile Gagnan, met au  point un nouveau scaphandre autonome. 

Vous me demanderez peut-être ce qu’un scaphandre a à voir avec tout ça. Et je vous répondrai que cette invention fut un premier pas vers la démocratisation de la plongée. Au fil du temps, elle finira par devenir un passe-temps pour certains.

C'est ainsi qu'en mars 1967, un plongeur amateur va faire une découverte peu commune. A des dizaines de mètres de profondeur, le voilà face à une impressionnante épave.

LE NAUFRAGE DE LA MADRAGUE DE GIENS ET LE MYSTÈRE DU VASE

Sa découverte marquera l’histoire. Il s’agit là de la première fouille archéologique d’envergure menée sous l’eau. Et celle-ci n’est pas des moindres : l’embarcation date du 1er siècle avant Jésus-Christ. En sombrant, elle emporte avec elle une impressionnante cargaison de près de 6000 amphores. 
Les archéologues ne fouillent pas l’entièreté du navire. Le travail est colossal. Pourtant, dans les décombres, un étrange objet va attirer leur attention.  

Il s’agit d’un vase, mais pas n’importe lequel.  Au premier coup d'œil, il ressemble à un cratère, un récipient très utilisé dans l'Antiquité, notamment chez les grecs, pour mélanger du vin et de l’eau. En regardant de plus près, il présente aussi les caractéristiques d’un autre objet commun dans l’Antiquité : une hydrie, utilisée pour transporter l’eau. 

La particularité de l’objet, c’est qu’il est unique au monde. A ce jour, aucun autre de ce type n’a été découvert. Ce qui fait sa singularité, c’est aussi  le secret qu’il refuse de dévoiler. Encore aujourd’hui, aucune équipe d’archéologie n’a été en mesure d’identifier sa fonctionnalité. Objet du quotidien ou pièce rare réservée à l'élite de l’époque ? Le mystère reste entier !
En poussant les portes du musée, vous aurez vous aussi la chance de l’admirer, et avec lui, découvrir une partie de la coque du navire. 
 

LES CORSAIRES MAUDITS DE ST MALO

Voici une seconde histoire qui devrait ravir les amateurs de récits de piraterie
A la sortie du port de Saint Malo, au XVIIIe siècle, une énorme roche va causer le malheur de deux équipages, à 50 ans d’écart. 
Bien qu’un demi siècle sépare les deux incidents, ces naufrages présentent une particularité commune. Il s’agit de bateaux de course, et à leurs bords, un équipage de corsaires. 

Savez-vous ce qui distingue un pirate d’un corsaire ? Le corsaire a une autorisation du Roi pour pratiquer la piraterie en toute légalité. Rien que ça ! En l’occurrence, à Saint Malo, les deux navires avaient pour mission de détrousser les bateaux anglais. 

Des centaines d’années plus tard. Les épaves livrent aux archéologues les secrets fascinants de la vie à bord. 
Au Musée Arles Antique il est ainsi possible d’admirer un canon emblématique de ces bateaux, ou encore un étui de pipe magnifique en forme de pistolet. De quoi imaginer plus facilement la vie pas toujours facile de ces matelots pas comme les autres. 
Encore plus incroyable, la collection dévoile un cordage, superbement conservé et encore lové comme s’il venait d’être déposé là après avoir largué les amarres.. Une merveille à la fois troublante et fascinante.
 

L’ANTRE DU PILLEUR

En continuant la visite on se retrouve face à un salon. Oui oui, vous avez bien lu. Un salon. 
Sur les étagères et accrochés aux murs, plus de 50 objets qu’on devine être le butin d’un pilleur. 

Mais qui sont ces gens qui dépouillent les fonds des mers ? Le profil est souvent le même. Des personnes bercées par l’univers de Jules Verne et du Commandant Cousteau, capables de se mettre en danger et de repousser leurs limites pour ramener les plus belles pièces. Des curieux animés par l’aventure sous-marine. 
Parfois, on a aussi affaire à des trafiquants qui revendent les trésors qu’ils dérobent. 

Quelle que soit la motivation, ces pillages sont un fléau pour le travail archéologique. Les conséquences sont multiples : de la dégradation de l’épave à l’impossibilité d’identifier le navire faute d’éléments suffisants. 

La pièce a été reconstituée à l’aide de photos d’archives de la police qui, en 2007, fait une saisie de plus de 700 objets chez 2 amis qui s’adonnent au pillage. 

Pour l’anecdote, sur la table du salon, trône un magazine. Un numéro de “Ca m'intéresse" datant de 2004. La couverture est dédiée aux trésors sous-marins. Dans l’article, on donne les coordonnées GPS  d’une épave, un navire suédois ayant sombré au 18ème siècle. Il s’agit  du Jeanne-Elisabeth, une embarcation qui a fait naufrage sur les côtes du Languedoc en revenant d’Afrique du Sud. 
Le magazine n’a pas été placé là par hasard. En effet, deux ans après la publication de l’article, les coordonnées GPS données, bien qu’approximatives, permettront à des pilleurs de retrouver le navire. Ils ne laisseront rien sur leur passage.

Au-delà de ces quelques anecdotes, l’exposition explore les menaces qui pèsent sur ce patrimoine exceptionnel et englouti, qu’elles viennent de l’homme ou de la nature. 
Vous découvrirez les moyens mis en place pour y remédier mais surtout, vous pourrez profiter de plusieurs centaines d’objets, issus de fouilles archéologiques, plus exceptionnels les uns que les autres. 

Alors préparez-vous pour l’aventure. “Trésors du fonds des Mers : un patrimoine en danger”, c’est visible jusqu’au 22 février 2023 au Musée départemental Arles Antique.

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