Cristal Limiñana, l’apéritif de la mémoire, l’anis en héritage

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Publiée le mar 17/06/2025 - 11:02 / mis à jour le mar 17/06/2025 - 11:25

La dernière fabrique artisanale à produire du pastis et des boissons anisées au cœur de Marseille, est désormais dirigée par Maristella Vasserot. Du haut de ses 141 ans, l’entreprise familiale reste fidèle à ses racines méditerranéennes et artisanales. Toujours avec un credo : conserver la qualité et l’âme populaire de ses recettes

Ce n’est pas une usine, plutôt une fabrique à l’enseigne des « Etablissements Limiñana ». Des centaines de mètres carrés qui respirent la réglisse et l’anis, où des cuves en inox voisinent avec une chaîne d’embouteillage et d’étiquetage. Voilà résumé le royaume de Maristella Vasserot, quatrième génération d’une famille qui a scellé son nom à celui du Cristal Limiñana et du pastis marseillais. La saga familiale prend ses racines dans la crise économique qui affame l’Espagne de la fin du XIXe siècle ; Manuel Limiñana quitte Alicante pour rejoindre un cousin installé à Alger, propriétaire d’un bar au 26, rue Caussemille, opportunément baptisé le Limiñana. Solidarité familiale oblige, le cafetier offre le gîte et le couvert à son cousin qui, en échange, travaille au comptoir. 

Les Espagnols, nombreux en Algérie, entretiennent alors le souvenir de la mère patrie et réclament la Paloma, une anisette traditionnelle introuvable sur place. Sans parvenir vraiment à reproduire la fameuse Paloma, la famille crée en 1884 une recette qui connaît un succès inespéré. Le Cristal Limiñana est né et va connaître des décennies de prospérité. Les générations se succèdent et, en 1962, la famille revit, encore, les affres de l’exil. Manuel et les siens quittent l’Algérie, devenue indépendante. Il pose ses valises à Marseille, ses recettes en tête et quelques ouvriers fidèles avec lui. Il doit alors tout recommencer à zéro. Le grand-père de Maristella rachète des locaux dans le 5e arrondissement et relance la production. « Notre secret ? Garder notre ligne directrice, entretenir les valeurs de la société qui sont aussi celles de la famille. Elles se transmettent aussi précieusement que les biens matériels », sourit Maristella. La société est forte de 20 références : le Cristal, bien sûr, mais aussi le pastis de Marseille, le Cap corse impérial, la vodka cristal, le Old Manada rum blanc, des apéritifs sans alcool… « Chaque recette raconte une histoire »

POUR BIEN COMPRENDRE

• Le Cristal. C’est un spiritueux composé d’anis distillé qui titre à 45°. Il est transparent en bouteille et devient blanc lorsqu’on y ajoute de l’eau. « Blanc comme une colombe, la paloma en espagnol, qui a donné son nom à cet alcool », ajoute Maristella qui tient cette recette de son arrière-grand-père. C’est avec le Cristal que la société est née il y a 141 ans ; son étiquette et sa bouteille n’ont quasiment pas changé depuis le premier jour.


• L’anisette. C’est de l’anis distillé et c’est tout. A boire avec de l’eau et des glaçons.


• Le pastis de Marseille. Il s’agit d’une dénomination protégée ; pour parler de pastis il faut que la recette contienne de la réglisse et de l’anis. Le spiritueux doit titrer à 45° ni plus ni moins. Pour bénéficier de la mention « de Marseille », l’anis doit être distillé (et pas macéré) et les proportions d’anis et de réglisse doivent absolument être respectées. Cette mention protège la recette mais pas la localisation, en effet, on peut produire du « pastis de Marseille » n’importe où dans le monde…
 

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INFOS PRATIQUES

📍 Etablissements Cristal Limiñana, 99, bd Jeanne d'Arc, Marseille 5e arr.
📞 Boutique et visite d’usine, 04 91 47 66 72.

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