La Provence, c’est avant tout des paysages à couper le souffle et des balades à perte de vue. Embarquez pour une journée de balisage au pied du Grand site Sainte-Victoire. Un moment de partage, de convivialité et de découvertes passionnantes.
A l'occasion de la semaine de la randonnée, nous avons passé la journée avec Hélène, animatrice-baliseuse et correspondante territoriale du CDRP (Comité Départemental de la Randonnée Pédestre) du Pays d’Aix et sa fine équipe de baliseurs : Geneviève, Françoise, Baudoin et Georges.
Vos sacs à dos sont prêts ? C'est parti !
Hélène précise que nous allons baliser une portion du GR 9, sentier de Grande Randonnée du Jura (Saint Amour) à la Méditerranée(Saint-Pons-les-Mûres). Nous sommes en montagne des Ubacs, sur le Grand Site Concors Sainte-Victoire et gravirons le petit col que nous devinons, le Pas du facteur . La journée d’un baliseur fait progresser d’environ 4km le marquage ROUGE et BLANC, couleurs officielles des GR, à raison d’une balise toutes les 3 mn et ceci dans le sens aller et retour.
Et avant de partir à l’aventure, qu’est-ce que l’on fait ? « Et bien on vérifie le matériel ! » nous réplique l’équipe, déjà prête et vêtue de gilets oranges pour plus de sécurité. Tout le matériel est regroupé dans ce que l’on appelle un camion. Le camion est une caissette que l’on porte et dans lequel on met le matériel nécessaire au balisage, à savoir : une lime, une gouge, une plane, une scie, un sécateur, des pinceaux, des gants, des petits pots de peinture rouge et blanc, spécialement conçues pour résister au soleil et à la chaleur. Les grands outils, taille-haie, sécateur à long manche et boucharde ont été calés dans les sacs à dos.
Aucun matériel n’est mécanisé car proscrit pour des questions d’assurance. Hélène sort un petit appareil GPS qui enregistrera sa trace de progression. Ce résultat sera retranscrit en fichier gpx dans un collecteur de données des travaux de tous les baliseurs du département, au retour de la journée.
C’est parti pour 2 heures de débroussaillage à l’entrée du sentier. Il y a toujours besoin de donner un coup de fraîcheur pour éviter aux randonneurs de s’aventurer hors du chemin et d’abimer la nature environnante. A ce moment, tout le monde met la main à la pâte et supprime avec entrain les ronces, les branches qui dépassent et autres mauvaises herbes afin de laisser les 70 cm de largeur réglementaires au passage des marcheurs.
Mais qui sont les baliseurs de notre belle Provence ?
Après ce nettoyage sportif, nous reprenons notre souffle, l’occasion idéale pour en apprendre un peu plus sur les baliseurs. Dans le département, il y a actuellement 210 baliseurs dont 70 femmes qui balisent nous confirme Hélène avant de nous demander « Et tu connais la moyenne d’âge ?! » ce à quoi elle s’empresse de répondre : « 70 ans ! ». Lorsque l’on voit la motivation de ces personnes, plus aucun doute n'est possible : il n’y a pas d’âge pour pratiquer le balisage et ça fait plaisir à voir.
Et tu connais la moyenne d'âge d'un baliseur dans le département ? 71 ans !
Bref, pas le temps de tergiverser. Hélène aime quand le travail avance donc il est temps de partir baliser. Tout le monde la suit, écoute ses conseils et a hâte de peindre. Elle sort son chronomètre car toutes les 3 minutes, nous devrons nous arrêter, vérifier si les balises sont faites, bien positionnées, ou abîmées par l’usure du temps. Ici il y en a une qui a besoin d’être rafraîchi. Nous nous arrêtons donc pour la repeindre. Il faut avoir le bon coup de main et s’appliquer car un balisage digne de ce nom doit respecter des dimensions bien particulières de le Charte du balisage.
Les enjeux environnementaux et citoyens du balisage
Règle N°1 : Le respect de la nature
Nous reprenons notre chemin et continuerons à baliser jusqu’à 12h00. Sur le trajet, l’équipe nettoie, découpe, recoupe. « Qu’a-t-on le droit de couper ? Comment procéder ? » sont des questions qui nous viennent à l’esprit. Nous nous empressons donc de les poser à Hélène qui répond avec sérieux : « Déjà, quand on balise, je regarde toujours de quel arbre il s’agit, si c’est un pin, un chêne, un chêne vert. Selon l'arbre, l’écorce change. Et on respecte ; tu vois, moi je ne veux pas qu’on arrive à l’aubier de l’arbre (le cœur de l’arbre). Il ne faut pas que la peinture la touche. Je pense que tous les baliseurs y font très attention. On ramasse également les petits déchets, la valeur d’un petit sac. Autrement, on est tellement proche de la nature qu’on a toujours l’œil attentif. Après, tu as vu que l’on est amené à couper des branches et de petits arbres un peu partout. Par exemple, tout à l’heure on a coupé un Genévrier, il faut bien réfléchir car il sont très protégés. Même lorsque les débroussailleuses passent en bord de route, un Genévrier, ils ne le coupent pas, ils le gardent. ». Hélène nous fait donc savoir qu’être baliseur, c’est avant tout respecter la nature et les animaux qui y vivent également.
Baliser, c'est faire sa part du travail
Geneviève nous précise qu’il faut aussi faire attention aux déchets biologiques comme les pelures de pomme car cela donnerait de mauvaises habitudes alimentaires à des petits animaux dont le régime alimentaire est tout autre. « C’est comme nourrir les marmottes dans les montagnes : c’est une hérésie. »
Règle N°2 : l'engagement citoyen
La faim se fait sentier et nous nous posons donc pour déjeuner sous un chêne remarquable. « Le balisage, c’est être en équipe mais aussi entre amis. Le partage est donc essentiel. » affirme Françoise. En effet, tout ce travail se fait dans la bonne humeur et la camaraderie. Tout cela nous amène à leur demander quelle serait la meilleure manière d’attirer de nouveaux bénévoles à baliser. L’équipe est d’accord pour me dire qu’il s’agit principalement d’un engagement citoyen. L’engagement pour le balisage fait écho à l’engagement pour la protection de l’environnement. " Baliser c’est faire sa part du travail » ajoute Georges et c’est accessible à tous. Ici, on apprend les uns des autres et les uns avec les autres, ce qui est une source de motivation inépuisable.
Le pique-nique terminé, il est temps pour nous de revenir sur nos pas et de rejoindre nos véhicules. Sur le retour, nous vérifions que le travail est bien fait et réajustons ce qui ne le serait pas. Il est 16h, nous disons au-revoir à cette joyeuse équipe avec comme souvenir, cette phrase prononcée par Geneviève : « Rien ne ressemble plus à un baliseur qu’un autre baliseur. ». Car oui, baliser c’est du travail mais c’est avant tout de la générosité, du partage et beaucoup de marche.