Top 5 des petits cinés de Provence qui ont une grande histoire
Publiée le mar 21/02/2023 - 15:52 / mis à jour le ven 10/03/2023 - 16:47
A la fin d’une balade hivernale dans un village de Provence, par un après-midi pluvieux où l’on s’ennuie, ou juste pour le plaisir d’un bon film dans un lieu qui a une âme, entrer dans un cinéma de quartier n’est jamais anodin. Voici notre sélection des salles de cinéma de Provence qui ont une grande histoire et beaucoup d’anecdotes à vous raconter.
Certaines sont nées dans un théâtre, un bar, ou un moulin à huile, au début de l’âge d’or du cinéma dans les années 20, ce qui fait de ces salles des lieux centenaires ! Face aux grands complexes, à la télévision, à internet, certaines salles obscures de Provence font de la résistance. Ciné-clubs, programmation jeune public, rencontres, elles offrent une incroyable diversité de films et beaucoup de vie.
L’EDEN à FONTVIEILLE - Le cinéma centenaire

Né dans un ancien bar, le café Brun, très précisément le 20 avril 1919, le cinéma l’Eden est une sacrée fierté à Fontvieille. C’est vrai qu’ils sont rares les petits cinémas dans nos villages de Provence à avoir traversé le siècle. Celui de Fontvieille a su résister grâce à une merveilleuse capacité à se réinventer.
En 1919, une cabine de projection, des loges, des chaises et des bancs suffiront pour assurer des séances de cinéma, des spectacles de music-hall, ou d’opéra et des soirées de bienfaisance. En 1932, on passe du muet au parlant et les premières parties disparaissent.
L’après-guerre et la télévision ralentissent le succès et il faudra de l’audace à notre cinéma de village pour passer les années 70. C’est effectivement en proposant le mardi soir un film pornographique, qu’il assurera son succès durant cette époque de libération sexuelle. Guy Arnaud, présent à l'Eden depuis 1969, témoin précieux de l’histoire de la salle, s’en souvient avec amusement "C'était plus joyeux que sexuel".
Se réinventer ne fait pas peur à l’Eden de Fontvieille qui, après une brève fermeture, devient une salle municipale en 1982, classée art et essai depuis 2009. Conférences, rencontres, opéras en direct, ciné-club permettent d’en faire un véritable espace culturel qui renoue avec la convivialité de ses débuts.
Notre conseil : lire L'Eden, Petite Histoire d'un Cinéma Centenaire par Nadine Richard
L’ALHAMBRA à MARSEILLE - L’éducation aux images

L’Alhambra, né en 1928, est un exemple typique des cinémas de quartiers de l’époque. Marseille en compte alors une centaine qui diffusent un film souvent précédé d’une première partie, et donnent aux habitants de Saint-Henri (ancien hameau d'agriculteurs, tourné ensuite vers la fabrication de tuiles), Saint-André ou de l’Estaque l’occasion de se retrouver le soir venu.
En 1980, comme beaucoup d’autres, l’Alhambra sera victime de la fin de l’âge d’or du cinéma mais il rouvre dix ans plus tard en salle municipale et est élu salle art & essai préférée des spectateurs en 2018. Un succès qui tient beaucoup à une animation constante et passionnée, tournée vers la jeunesse.
L’été 2020, à la sortie de la dernière fermeture due au coronavirus, Robert Guédiguian, enfant de l’Estaque qui a fréquenté l’Alhambra gamin, comme tant de collégiens aujourd’hui, était là pour défendre le cinéma et ce cinéma, celui de sa jeunesse et de son quartier, cette salle des quartiers nord qui est certainement l’une des plus chouettes de Marseille.
Notre conseil : un ciné-goûter pendant les vacances scolaires !
LE GRENIER DE L’ALCAZAR à EYGUIERES

Se faire une toile au cinéma d’Eyguières c’est avant tout retrouver des amis. Dans ce gros village, le Grenier de l'Alcazar est un lieu de vie, de rencontre et de passion. Moulin, baleti du dimanche, salle de spectacle et depuis plus de 25 ans cinéma, il s’anime particulièrement le vendredi soir pour la soirée ciné-club.
En 1640 l'Alcazar, parmi les 30 moulins que compte Eyguières, est ce qu’on appelle un moulin « à sang ». Quand le courant de l’eau de la Durance du canal souterrain n’est pas assez puissant pour actionner les énormes meules en pierre, on emploie la force des mules. L’activité du moulin s’arrête dans les années 40 mais il faudra attendre les années 60 pour y danser le dimanche après-midi. Et c’est en 1975 que le maire d'alors y aménage salle de réception en bas et salle de spectacle en haut.
Aujourd'hui sous la charpente en bois de l’ancien grenier, la salle obscure d’Eyguières, classée art et essai, et éducation à l’image, est des plus chaleureuses.
Notre conseil : la séance du ciné-club le vendredi bien sûr !
L’EDEN-THEATRE à LA CIOTAT - Doyen des cinémas

À l’affiche de l’Eden Théâtre au moment de sa construction en 1889 par Alfred Seguin, on trouve du théâtre, du music-hall et même des combats de boxe ou de lutte gréco-romaine. Mais tout va changer quand Antoine Lumière se lie d’amitié avec le nouveau propriétaire de l’Eden, Raoul Gallaud.
Eté 1895, la Ciotat devient le Berceau du cinéma quand Louis Lumière en vacances y tourne une dizaine de films et que son père, Antoine, y organise dès septembre une première projection au Palais Lumière. Son ami Gallaud qui y assiste n’attendra pas longtemps pour associer sa salle à cette révolution de l’image.
Le 21 mars 1899, la première séance payante de cinéma à l’Eden projette dix-neuf films Lumière. Toutes les salles de cette époque ayant été détruites ou transformées, l’Eden peut se vanter d’être la plus ancienne salle de cinéma au monde encore en activité.
Entre cinéma et spectacle (on y voit débuter Fernandel ou Yves Montand), la salle n’est pas épargnée par la crise du cinéma au début des années 70. La mort du jeune gérant lors d’un braquage, sonne le glas de l’Eden.
Après 30 ans de fermeture, ce lieu mythique du bord de mer est enfin rénové dans le cadre de Marseille Provence 2013, capitale européenne de la Culture. Depuis, classé art et essai, l’Eden accueille des cinéphiles, des jeunes, mais aussi beaucoup de touristes qui découvrent le hall décoré des affiches de films, et la salle avec son balcon à l’italienne et ses tentures rouges.
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LE CINEMA DE LA MANUFACTURE à AIX-EN-PROVENCE

En 1892, quand l’Etat construit une nouvelle manufacture à Aix-en-Provence, elle est un peu à l’écart de la ville. Près d’un siècle plus tard, avec l’urbanisation du quartier la manufacture devient dangereuse pour les habitations et la baisse de consommation des allumettes entraîne sa fermeture. Demeurée longtemps à l’état de friche industrielle, elle devient la bibliothèque Méjanes en 1989. Couvrant petit à petit toute la surface de l’usine Seita, devenue Cité du Livre, elle accueille entre autres la bibliothèque municipale, des salles de cours, une salle d’exposition, un amphithéâtre… et une salle de cinéma Art et Essai.
En 2022, le lieu reprend son nom d’origine pour envisager son avenir. La Manufacture se dessine dans un esprit tiers-lieu et croise les envies, les usages et les publics. Programmée par l’Institut de l’image, la salle de projection prend des airs de cinéma de quartier, ancrée dans un lieu de rencontre, de découvertes et d’expérimentations.
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