LE GÂTEAU DES ROIS

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Publiée le lun 21/12/2015 - 01:00 / mis à jour le mar 03/08/2021 - 02:00

Gâteau des rois, fève, tradition, rois mages, on vous dit tout sur l’épiphanie en Provence.

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Gâteau des rois

Ici point de galette des rois, c’est un gâteau des rois (ou couronne) que l’on partage le 6 janvier – ou le premier dimanche de janvier plus pratique quand le 6 tombe en semaine – pour fêter l’épiphanie ou l’arrivée des rois mages devant Jésus qui vient de naître. Une brioche à la fleur d’oranger, recouverte de sucre, décorée de fruits confits, ronde avec un trou au milieu fait le bonheur des tables de Provence tout le mois de janvier : une vraie tradition en Provence.

De l'or, de l'encens, de la myrrhe... Et un gâteau !

Pour bien respecter cette tradition en Provence, d’abord il faut installer la crèche début décembre avec son ravi, son ange Boufareu (appelé ainsi à cause de ses joues joufflues à force de jouer de la trompette chaque fois que le Bon Dieu est content), Mistral sa cape au vent, la partie de cartes de Pagnol, et bien sûr Marie, Joseph, l’âne et le bœuf. Chrétien ou pas, en Provence on fait la crèche. Mais attention, on ne déposera pas le petit Jésus avant le 24 au soir et les plus beaux santons, Melchior, Gaspar et Balthazar, les rois mages venus de Bethléem en suivant l’étoile doivent également attendre patiemment leur tour. Cachés derrière un vase, ils vont progressivement s’avancer à travers le salon de bibelot en lampe vers la crèche, pour se tenir devant le nouveau-né le 6 janvier les bras chargé d’or, d’encens et de myrrhe.
A l’origine, c’est plutôt lors d’une fête païenne bien arrosée que l’on partage ce gâteau des rois. Les romains célébraient ainsi, lors des Saturnales, l’allongement des jours avec un gâteau fourré aux figues dans lequel on dissimulait une fève qui aurait désigné le roi de la fête ou le chef de la garnison.

Brioche à la fleur d'oranger, fève, part du pauvre... L'épiphanie comme nulle part ailleurs

Si certains se contentent du premier dimanche de janvier, ici en Provence on aime trop notre gâteau pour ne pas en abuser. Dès Noël passé on traine devant les bonnes boulangeries, on commence à débattre sur celle qui fait le meilleur gâteau des rois de Marseille, on rit de ces pauvres parisiens avec leur frangipane toute plate et sans couleur… Car notre gâteau des rois, il est bon et beau ! Rond, dodu, sentant la fleur d’oranger, surmonté fièrement de fruits confits symbolisant les pierres précieuses offertes par les fameux rois mages. Alors il est bien normal que l’on se laisse tenter tout le mois de janvier voire plus pour les inconditionnels. Chaque occasion est bonne au bureau, entre amis, en famille, avec les enfants, avec les aïeux ou même seul.

Desproges

«Les rois mages étaient trois. Il y avait César, et pis Marius, et pis Fanny.»

Une fois sur la table, reste à le partager. Là encore quelques règles à respecter. La tradition veut que l’on ajoute au découpage la « part du pauvre » et que le plus jeune des convives se cache sous la table pour attribuer chaque part. Impossible donc, normalement, d’obtenir la plus grosse part ou celle avec la fève.
Sans vouloir être chauvin, c’est pas notre genre à nous gens du sud, toujours dans la mesure et la modestie, cette brioche est la forme la plus traditionnelle du gâteau des rois. Un peu d’histoire : c’est sous Louis XIV au XVIIe que nait la galette feuilletée à la frangipane, inspirée du Pithiviers, surnommée quelques temps la « parisienne ».

Hop hop hop, vous pensez tout savoir mais point d’épiphanie réussie sans le clou du spectacle, la fève. Et nous provençaux, nous sommes généreux ! Alors parce qu’on aime la tradition, on y place la fève, la vraie, l’alimentaire, le légume. Et parce que c’est plus joli, on y place aussi une figurine en céramique qui – couleur locale oblige - est un santon. Celui qui tire la fève est le roi, le sujet est pour la reine.
Et pour que ce tirage des rois dure plus longtemps, celui qui a la fève paie le prochain gâteau. Malin…

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