L'OURSIN

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Publiée le mar 12/01/2016 - 01:00 / mis à jour le mar 03/08/2021 - 02:00

Partons à la découverte de la star capricieuse des oursinades!

Selon Marcel Pagnol, « si l'on jugeait les choses sur les apparences, personne n'aurait jamais voulu manger un oursin ». Il n’est pas facile de le pêcher ni de le choisir, et il est impossible de voir si derrière ses piquants se cachent des langues toutes fines ou bien pleines. Et par-dessus le marché, nul n’a réussi en Méditerranée à le faire se reproduire…

L'oursin, star sauvage de Méditerranée

En Provence, on fête les produits d’ici avec ferveur. Pour donner de jolis noms à ces célébrations conviviales, il suffit d’ajouter « ades » au produit distingué : ainsi sur la « Côte Bleue » (Carry le Rouet, Fos sur Mer, Sausset les Pins…), les « oursinades », se déroulent en janvier et février, à ne pas confondre avec les « mouclades » de Camargue ou les « sardinades » de Martigues ou de Port de Bouc qui elles, ont lieu en juin-juillet. De son côté, la sardinade géante de Marseille nous donne rendez-vous en septembre. Les grillades géantes de sardines sont bienvenues en cas d’abondance du petit poisson bleu, par contre les oursinades pourraient bien soulever quelques questions si un trop gros succès mettait en péril l’oursin dont la pêche est attentivement contrôlée.

Et pour cause, l’oursin est un mal élevé. Il n’est même pas élevé du tout, c’est un vrai sauvage : personne en Méditerranée n’a encore réussi à le faire se reproduire ni l’affiner en bassin. Il faut donc aller le « cueillir » sur les rochers lorsque la pêche est autorisée (de novembre à avril), et en respectant les quantités limitées par personne et par jour afin de préserver l’espèce.
Etant donné qu’une taille minimale est également requise, on peut dire que l’oursin se mérite ! Pour respecter le produit si vaillamment conquis, l’épineux trophée sera servi dans son plus simple appareil. Pourtant, la recette la plus célèbre, (qui se nomme également une « oursinade »), prévoit d’en faire fondre une belle quantité dans une crème à l’œuf enveloppant un poisson poché. Si vous rechignez à faire disparaitre toute votre pêche d’un jour dans un bouillon parfumé, optez pour l’option simplissime du bout de pain : une lichette de beurre, une langue dessus, et le plongeon dans l’iode est garanti. A la limite, on peut aller jusqu’à l’oursin à la coque, avec un œuf de caille cassé dedans et trois mouillettes, mais pas plus de 5 minutes au four pour ne pas dénaturer le parfum délicat des « gonades».

Marcel Pagnol

«Si l'on jugeait les choses sur les apparences, personne n'aurait jamais voulu manger un oursin »

«Gonades », dites-vous ?

Un petit point vocabulaire s’impose : On les appelle les langues, mais ce sont des gonades que l’on déguste : ces cinq petites poches oranges sont bien les glandes sexuelles de l’oursin, et nul ne peut deviner leur taille avant de l’avoir ouvert. Autrement dit, la question qui nous taraude est : « comment savoir si un oursin est bien plein ». Les pêcheurs, ces experts, vous diront qu’ils le savent d’avance selon où ils les trouvent et les courants qui les frappent, ou d’après la manière dont ils sont accrochés sur les rochers. Mais pour nous, simples amateurs, sur le marché de Carry ou de Sausset, il nous faudra surtout « lui regarder les piquants ». Humides, brillants et bien dressés, ils finiront de vous convaincre même s’ils ne pourront jamais vous assurer de la grosseur des langues.

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Oursin

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