A Aubagne, avec une vue surplombante sur le Garlaban et les autres massifs environnants, se trouve la plaine de Beaudinard. L’agriculture a toujours rythmé la vie de ce hameau authentique. Rencontre avec Bruno et Jean Knipping pour qui le maraîchage est une histoire de famille.
Vous avez peut-être déjà dégusté ses légumes bio en achetant ses paniers vendus en AMAP ou encore au marché d’Aubagne et de Saint-Barnabé à Marseille. Bruno Knipping cultive entre 40 et 60 variétés de fruits et légumes sur 8 hectares après avoir pris la relève de son père, Jean. Ces terres ont toujours connu une exploitation agricole, mais à chaque agriculteur son école.
Les mains dans une terre chargée d’histoire
A la préhistoire, Beaudinard n’était qu’une zone marécageuse. Par la suite, les anciens ont révélé cette terre limoneuse très bonne pour l’agriculture et fait venir l’eau des Alpes via le Canal de Provence pour pouvoir l’irriguer. Beaudinard s’est tout d’abord fait connaître avec ses fraises.
Ces petites fraises étaient fragiles. « On les mettait dans des petites fioles en terre cuite qu’on fabriquait ici puis on les envoyait à Paris à l’époque de Louis XVI. C’était réputé ! C’est les vieux qui racontent ça. Donc je suis vieux, moi aussi je le dis » nous explique Jean Knipping.
Des porcheries se sont ensuite installées mais ont fermé à cause de leur odeur ; les maisons se construisant petit à petit autour du hameau. Depuis, Beaudinard est classé en Zone Agricole Protégée et la famille Knipping, elle, est sur ces terres depuis plusieurs générations.
Vivre au rythme des saisons
Le grand-père de Bruno y cultivait des arbres fruitiers, des vignes et y élevait des animaux.
Ses fils, dont Jean, prennent la relève mais le monde change. Jean se souvient : « il y a 40/50 ans, il fallait produire en pagaille, en mono culture, avec les engrais chimiques et tutti quanti ».
En 2000, Bruno, l’un des fils de Jean, rejoint l’exploitation. Quand on lui demande les raisons de son choix de vie, il explique par une belle métaphore : « j’avais le pain et le couteau » avant de poursuivre « et puis, il fallait l’aider le vieux gars ! ».
’évolution de la demande de la clientèle à ce moment-là, désireuse de produits plus authentiques et respectueux de l’environnement, change la donne. Bruno commence alors la mutation de tout un mode de culture.
Polyculture puis passage en bio, vente directe avec des paniers bio ; c’est une petite révolution verte qui s’opère chez les Knipping. Depuis 11 ans maintenant, l’exploitation vit au rythme des saisons. Bruno travaille « à la sueur de son front, et non de subventions ».
En plus du label Bio, Bruno est adhérent de la marque collective "Jardins du Pays d'Aubagne" qui valorise la production locale. Cette initiative de la communauté d'agglomération lancée en 1996 a un cahier des charges bien précis. Mais répondre à toutes ces exigences n'est pas vu comme une contrainte.
Avant d'avoir le label bio, Bruno répondait à tous ces critères naturellement. Il se laissait juste la possibilité de pouvoir traiter "au cas où les choses tournent mal". Le plus compliqué pour lui, c’est le désherbage. Il nous montre d’ailleurs fièrement sa dernière acquisition, un tracteur désherbant permettant une meilleure précision car il n’a pas besoin de regarder sans cesse derrière lui au risque d’abimer ses plantations.
Pour ce bel engin, il a reçu des aides. Pour le reste de la manutention, il faut beaucoup de main d’œuvre. C’est ce qui revient le plus cher et explique le coût du bio. Avec la vente directe, Bruno est davantage au contact de ses clients. Ce qui permet de mieux expliquer son métier et la valeur de ce qu'il vend.
Ses clients sont de plus en plus curieux et certains veulent en savoir plus et demandent s'il est possible de visiter sa production. Une chose est sûre, Bruno Knipping n'a pas fini de semer les graines d'une agriculture plus responsable !