La Provence fait rêver le monde, c’est un fait ! Et les superbes espaces naturels que l’on y trouve y sont pour beaucoup. Eldorado des amoureux de nature, ces sites finissent par pâtir de leur notoriété. Rencontre avec ceux qui œuvrent chaque jour pour sauvegarder notre patrimoine naturel !
On ne sait pas vous, mais de notre côté, chaque fois que les beaux jours pointent le bout de leur nez, ni une ni deux, on enfile nos baskets pour redécouvrir la beauté de la nature provençale. Si vous êtes comme nous, vous savez qu’on ne s’en lasse pas. Si vous n’êtes jamais venus, laissez-nous vous dire que les paysages de Provence valent le détour.
Mais voilà, nous sommes très nombreux à apprécier ses balades ressourçantes et l’impact de nos visites répétées pèse lourd sur la biodiversité. Pour comprendre comment il est possible de lutter contre les dégâts que nous causons, nous avons pris la route, à la rencontre des gardes nature de la région.
PROTÉGER LES HABITATS : ENJEU MAJEUR POUR LA BIODIVERSITÉ
Première étape : la Camargue, aux Marais du Vigueirat.
Ici, la nature est aussi belle que sauvage. Pour protéger le site au mieux, le conservatoire du littoral en a fait l’acquisition dans les années 80. Depuis, les Marais du Vigueirat se sont étendus sur 1200 hectares, dont 900 classés en réserve naturelle nationale : le plus haut degré de protection. C’est dire si l’endroit vaut le détour !
A notre arrivée, nous sommes accueillis par Caroline et Marie qui travaillent ici. Elles commencent par nous expliquer comment l’équipe œuvre au quotidien pour la préservation de l’écosystème naturel du site. Ici pas de centre de soins : les animaux ne sont ni nourris, ni soignés. En revanche, tout est fait pour protéger les différents habitats des espèces qui trouvent refuge aux marais. “Nous sommes un peu comme des hôteliers” plaisante Marie, ”Nous nous assurons que tout soit prêt avant l’arrivée de nos clients, les animaux” Et les clients sont nombreux. Pas moins de 300 espèces d’oiseaux différentes, mais aussi des plantes, des batraciens et des insectes. Mais comment faire en sorte que tout ce petit monde se sente à son aise ?
Premier outil essentiel : l’eau. Grâce au passé agricole du site, les Marais du Vigueirat jouissent d’un large réseau de roubines et de martelières qui permettent à chaque saison de recréer l’habitat qui existait avant l’endiguement du Rhône. L’été les marais s'assèchent, l’hiver l’eau remonte. “La force de la Camargue c’est le changement des paysages qui est vraiment impressionnant en fonction des saisons” nous explique Marie. Cette mosaïque d’habitats permet d’assurer une diversité d’espèces extraordinaire.
Second outil : l'éco-pâturage. Aux Marais du Vigueirat, certains éleveurs ayant des conventions peuvent laisser leurs animaux paître en toute tranquillité. Fini les tondeuses et autres tronçonneuses. Place aux chevaux et taureaux qui s'épanouissent sur un terrain de jeu immense.
Nous sommes un peu comme des hôteliers, nous nous assurons que tout soit prêt avant l’arrivée de nos clients, les animaux
Pour découvrir les Marais du Vigueirat, plusieurs options s'offrent à vous. Pour seulement 6€, vous pourrez profiter de 4 parcours libres.
Sentier pédagogique pour les enfants, jardin ethnobotanique, découverte nature ou éco-responsabilité : chaque sentier a un thème différent. Il est également possible de visiter la partie classée réserve naturelle nationale, avec un guide. Ces visites ne se font que deux fois par jour, pour limiter le dérangement de la faune et de la flore. Si vous avez l'âme d’un cavalier, on ne peut que vous conseiller d’opter pour une visite à cheval ou en calèche. Côté budget, comptez 20€ pour la visite guidée pédestre, 25€ pour la visite en cheval !
Nous quittons la Camargue pour nous remettre en route : direction Peyrolles en Provence.
APPRENDRE À RESPECTER LA NATURE
En route vers le sentier de l’ancien canal du Verdon. Là-bas, nous retrouvons Sylvain et Christiane, qui travaillent pour le Grand Site Sainte Victoire. Lorsque l’on parle du Grand Site Sainte Victoire, on pense tout de suite à la montagne qui inspira Cézanne. Mais ce n’est pas pour rien que le rendez-vous n’a pas été fixé là-bas. Les sentiers plus connus au pied de l’immense masse rocheuse attirent toujours plus de monde au détriment de la biodiversité. Sylvain et Christiane avaient donc à cœur de montrer qu’il existe des sentiers moins connus et tout aussi jolis. Nous ne sommes pas déçus, l’endroit est magnifique !
Cette randonnée, balisée depuis peu, longe l’ancien canal du Verdon. Construit au XIXème siècle, pour acheminer l’eau de la Durance jusqu’à Aix-en-Provence et Marseille, il est abandonné en 1970. La nature y a depuis repris ses droits. La faune locale, elle aussi, y trouve son compte. Le sentier est désormais un corridor que les animaux empruntent en toute tranquillité (c’est le cas du loup par exemple !).
D’ailleurs ici, tout est fait pour que la faune se sente bien. Les tunnels et aqueducs le long du chemin sont barreaudés, pour maintenir le calme des chauves-souris par exemple pour qu’elles nichent en toute tranquillité, certains trous dans les constructions ont été conservés pour offrir un abri de choix à nos amis noctambules.
Durant notre balade, nous interrogeons Christiane et Sylvain sur l’impact de la surfréquentation de certains lieux du Grand Site Sainte Victoire. Le constat est simple. La plupart du temps, les visiteurs qui causent des dégâts n’ont pas conscience que leur comportement a un impact. Ils sortent des sentiers, sont plutôt bruyants ou mal équipés, laissent leurs chiens en liberté. Or, dans ces espaces aussi immenses que beaux, la faune et la flore, discrètes, aspirent au calme. C’est le cas par exemple de l’aigle de Bonelli. Au printemps, lorsque la femelle couve, elle ne supporte pas d’être dérangée. Si c’est le cas, elle s’envolera en abandonnant ses œufs.
Nous faisons une veille du vivant, aussi bien sur la biodiversité que sur nos visiteurs
Chaque jour les gardes nature surveillent l’évolution de la faune et de la flore et vont à la rencontre des randonneurs, pour rappeler les bonnes pratiques à adopter durant ces sorties nature et vérifier que tout se passe bien.“C’est une veille du vivant, aussi bien sur la biodiversité que sur nos visiteurs” conclut Christiane. Nous arrivons au bout de notre promenade face au spectacle magnifique offert par la garrigue et les pins d’Alep qui poussent ici.
Si vous aussi vous voulez marcher sur les traces de l’ancien canal du Verdon, rendez-vous à Peyrolles-en-Provence, sur le parking qui se situe proche du cœur du village. La randonnée, assez simple, sera parfaite pour un moment en famille et pour en apprendre plus sur l’histoire du canal.
Nous voilà donc de retour à la rédaction. Désormais, dans notre esprit, résonne une confidence de Marie “La nature a beaucoup à offrir quand on la respecte. C’est là qu'elle donne ce qu’elle a de plus beau." Garder le en tête lors de vos prochaines randonnées.
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