Un Musée d'Histoire pour un patrimoine vivant
Publiée le mar 25/07/2017 - 02:00 / mis à jour le lun 02/08/2021 - 02:00
Le musée d’Histoire de Marseille qui réouvre ses portes, trente ans après sa création, voit ses contours redessinés autour du site archéologique emblématique de la Bourse, véritable lieu d’exposition à ciel ouvert. Cet ensemble patrimonial offre une nouvelle lecture et un autre regard sur l’histoire de la plus ancienne ville de France.
Le projet architectural a consisté à recréer un lien intime entre la ville, son musée et le site archéologique de la Bourse. Au cœur du Centre Bourse, carrefour commercial à deux pas du Vieux-Port, cet emplacement atypique offre au public des clés de lecture pour comprendre la ville d’aujourd’hui et son évolution. Pour que la (re)découverte de l’histoire de la cité phocéenne devienne un plaisir, partagé par le plus grand nombre...

Un exploit technique
Ce projet relève un double défi : à la fois en terme de calendrier mais aussi et surtout en terme de respect du patrimoine. En effet, en moins de douze mois, le chantier s’est organisé dans la préservation de ce site archéologique de la Bourse classé Monument historique et Réserve archéologique. Une fois achevé, le musée se trouve au cœur d’un centre commercial totalement rénové. Musée moderne et accessible à tous, il propose une offre culturelle moderne et pédagogique dans l’un des poumons commerciaux de Marseille.
A la technique vient s’ajouter la technologie. à grands renforts de nouvelles technologies, ce musée propose au public de plonger dans l’histoire vivante et palpable de la cité. Les dispositifs multimédias présents dans le musée, sur le site archéologique de la Bourse et à travers la ville – le long de l’ancienne voie grecque jusqu’au Fort Saint-Jean – permettront aux visiteurs de partir à la rencontre de Marseille et de ses habitants d’hier et d’aujourd’hui. Les effets de la réalité augmentée, les reconstitutions en 3D, les ambiances sonores, permettront d’embarquer dans une grande machine à voyager dans le temps.

2600 ans d'Histoire résumées en 14 séquences
La découverte de l’Histoire de Marseille se fait à travers un fil d’Ariane présentant la double identité de la ville, à la fois maritime et portuaire. Depuis la visite de la grotte Cosquer jusqu’au Marseille d’aujourd’hui et de demain, en passant par l’évolution des paysages de la rade de la cité, c’est un parcours de 2 600 ans qui sera proposé au public. Chaque séquence du parcours du musée se déploie autour d’un objet phare, d’une rencontre entre un grand témoin (le marin et géographe Pythéas, Edmond Dantès, le héros d’Alexandre Dumas...) et des collections de la plus ancienne ville de France. Des trésors singuliers seront exposés au cœur de ce musée et permettront d’apprécier le destin hors du commun de Marseille. Toutes ces œuvres, grâce aux recherches des scientifiques et à la documentation de ces pièces, raconteront les hommes et les femmes, inconnus ou célèbres, qui ont participé à l’histoire de la cité.

Marseille avant Marseille : La ville a été fondé il y a 2 600 ans, mais les premières dates d’occupation humaines datent de 60 000 ans avant J.-C. Cette séquence présente la géographie du bassin de Marseille qui marque durablement son histoire, l’évolution de ses paysages et la grotte de Cosquer, patrimoine universel riche de milliers de peintures et gravures (de 27 000 et 19 000 ans). La grotte se situait à plusieurs kilomètres du rivage d’alors de la Méditerranée. Lorsque le niveau de la mer s’est progressivement élevé, l’entrée a été submergée. Ce site a été découvert par Henri Cosquer, près du cap Morgiou, dans le massif des calanques.
La légende de Gyptis et Prôtis : Marseille a construit son histoire autour d’une légende qui illustre à elle seule l’ouverture de la cité sur le monde méditerranéen et la civilisation grecque. Dès l’an 600 avant J.-C., des Grecs d’Asie Mineure, originaires de la cité de Phocée, fondent un comptoir dans la calanque du Lacydon. Très vite, un embryon de ville se développe. Marseille est née.

Le monde de Pythéas : Cette période marque l’apogée de la puissance de Massalia. La cité reste un phare avancé de l’hellénisme dans l’Europe occidentale. Sa prospérité repose sur le commerce maritime dont témoignent les amphores massaliètes à vin et à huile.
Le site archéologique de la Bourse : Le site du Port Antique – dénommé Jardin des vestiges à son ouverture au public en 1983 – présente les résultats des premières grandes fouilles archéologiques urbaines réalisées en France. Les vestiges, révélés en 1967 sur le chantier de construction du Centre Bourse, sont des témoins historiques majeurs. le site se structure autour de la voie romaine, des remparts grecs et autour du Port Antique où a été découverte la plus grande épave visible au monde. Cette voie romaine longée par des monuments funéraires pénètre dans la ville par une entrée monumentale.

De Massalia à Massilia : Conquise par César en 49 avant J.-C., la cité phocéenne se transforme en ville romaine sans renier sa culture grecque. Marseille va adopter le mode de vie et la culture de ses envahisseurs : des bains impériaux, un théâtre, un forum sont construits. le port se développe avec de vastes entrepôts comme ceux des Docks romains édifiés le long du littoral.
Un moyen-âge marseillais : Cette longue période où Marseille dépend du Royaume de Bourgogne, puis de celui d’Anjou et enfin du Royaume de France, témoigne du quotidien de ses habitants (potiers, marins, clercs...) placés sous la houlette de l’abbaye de Saint-Victor et de la cathédrale de la Major. Le port de Marseille vit partir les navires de la troisième croisade menée par Richard Cœur de lion en 1189.
Quand Marseille devient française
Et Marseille devint française : Marseille devient française en 1481. les rois de France profitent de ce port sur la Méditerranée pour commercer avec les ottomans – la plus ancienne Chambre de Commerce française est créée à Marseille en 1599 – et construire une alliance politique forte avec leur Empire. Proche des villes italiennes, dont Gênes, Marseille est marquée par l’influence de la Renaissance.
Marseille et le Roi Soleil : Le Roi de France nourrit de grandes ambitions maritimes pour Marseille. Il engage des aménagements portuaires et urbains qui vont transformer la ville et développer son potentiel économique. La ville se dote d’un arsenal de galères qui marque durablement son paysage. L’essor de la ville est stoppé par la Grande peste de 1720, dont le bacille présent dans les marchandises du navire « Grand Saint-Antoine », allait emporter la moitié de sa population.

L'importance du port de Marseille
Marseille port mondial : C’est la population provençale et étrangère qui va donner un nouveau souffle à la ville après l’épidémie de peste de 1720. Marseille devient une grande place de négoce et va peu à peu se convertir en un port mondial ouvert sur les océans. La création de l’Académie fait briller sur la cité le soleil des lumières et place Marseille à la pointe du rationalisme et de la science. Le peuple marseillais s’affirme comme l’un des fers de lance de la Révolution française au rythme de la Marseillaise.
Un port, des industries et des hommes : Après 1820 et l’expédition française d’Alger soutenue par la Chambre de commerce de Marseille, la ville passe de 130 000 à 550 000 habitants en moins d’un siècle. L’arrivée de l’eau avec le canal de Marseille, le développement du chemin de fer et du nouveau port de la Joliette hisse le port de la cité phocéenne au 4e rang mondial. Des ouvriers venus des Alpes puis d’Italie travaillent dans les usines et investissent les nouveaux quartiers de Marseille. Pendant ce temps, la ville du Second Empire se pare de nouveaux monuments tels que le Palais du Pharo ou la Basilique de Notre-Dame de la Garde.
Marseille porte des suds : Marseille entre dans la modernité. Du haut du pont transbordeur, on peut apercevoir le nouveau tramway, les premières voitures. Des navires débarquent les migrants qui fuient la guerre (Arméniens...) ou qui cherchent à être embauchés sur le port, dans les usines qui transforment les produits de l’Empire colonial. L’entre-deux-guerres est troublé par la montée des totalitarismes et par la crise économique qui n’empêchent cependant pas un bouillonnement musical (Vincent Scotto, l’Alcazar...), cinématographique (Marcel Pagnol...) et littéraire (les Cahiers du Sud...). La Seconde Guerre mondiale marque durablement les Marseillais : du port de transit pour les réfugiés de toute l’Europe à la destruction des quartiers du Vieux-Port en 1943 en passant par les persécutions et la lutte victorieuse pour la liberté.

De l'après guerre à nos jours
Marseille ville singulière et plurielle : La ville de Marseille se relève après la Seconde Guerre mondiale, mais reste fragile. Sa population croît avec l’arrivée des rapatriés d’Algérie en 1962 et des migrants de l’Empire colonial français qui se désagrège. Pour loger cette population, la période 1955 - 1975 voit la construction de grands ensembles qui marquent durablement le paysage de l’est et du nord de Marseille, jusqu’au pied des collines. Marseille, port de l’Europe et de la Méditerranée se transforme. l’industrie phocéenne cède la place aux services et à l’activité culturelle et touristique. L’Olympique de Marseille, la musique (le rap...), le cinéma de Robert Guédiguian, la série télévisuelle Plus Belle la vie, pour ne citer que ceux-là, et les nouveaux aménagements urbains modifient l’image de la cité.
Marseille ville de demain : Où va Marseille ? Forte de ses vingt-six siècles d’histoire, de sa géographie unique, de sa vitalité et de ses spécificités, Marseille est à l’avant-poste de l’Europe. Son évolution sociale, économique et culturelle ainsi que ses mutations architecturales et urbaines (Euroméditerranée...), sont observées attentivement par les autres villes européennes comme un laboratoire d’idées et de projets. Entre rêve et réalité, imaginons ensemble la ville de demain.
Entre réalité augmentée et extention numérique
Le rôle du multimédia au sein du musée d’Histoire de Marseille est ambitieux et novateur. Il ajoute une dimension de médiation à la traditionnelle présentation des œuvres, des documents et des objets. Il crée un nouvel espace au-delà des vitrines : le musée juxtapose le réel et le virtuel, pour nous donner un autre point de vue, pour rendre vie aux objets, en illustrant leur contexte, leur usage, leur origine ou les conditions de leur découverte.
Dès l’entrée dans le musée, c’est un pan de mur entier qui se transforme en image en Ultra Haute Définition, comme une fenêtre sur le passé lointain de la cité, lorsque la grotte Cosquer était encore hors des eaux. Avec seize fois plus de pixels que la Haute Définition, tous les détails sont retranscrits, comme si nous y étions. On visite la grotte. On admire ces témoignages d’une autre époque. Et on assiste à l’évolution de notre littoral et de notre paysage à travers les siècles, pour comprendre les lieux, la rade de Marseille et le site naturel qui devint la cité grecque antique.
À l’étage, ce sont des écrans vidéo transparents, outils technologiques inédits, qui superposent des explications animées sur la réalité que l’on voit à travers. Et l’on comprend encore mieux cette richesse antique et ce témoignage du cœur de la ville antique, au début de l’axe historique de la Grand rue...
À l’autre bout du parcours, ce n’est plus le passé mais le présent et l’avenir que le multimédia traduit. À partir des modèles numériques des Systèmes d’Information Géographique (SIG) dont la ville est experte depuis plus de 20 ans, nous sommes immergés dans les pulsations que la ville a connues, dans le Marseille d’aujourd’hui et de demain...
Fabien Cassar
Musée d'Histoire de Marseille
2 Rue Henri Barbusse
13001 Marseille
HORAIRES
Du mardi au dimanche :
De 10h à 18h
Horaires d'été : De 10h à 19h de la mi-mai à la mi-septembre inclus
Fermeture hebdomadaire le lundi, sauf les lundis de Pâques et de Pentecôte
Fermeture les jours fériés suivants : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre ainsi que le 26 décembre.
TARIFS
Plein tarif : 6 euros
Tarif réduit : 3 euros
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