La Cité des Arts de la Rue : L’Imagination en Mouvement

Un curieux bus, érigé tel un totem, vous accueille sur l’immense site des anciennes huileries-savonneries L’Abeille, et pourrait vous donner l’impression que l’on marche sur la tête. Pourtant, la Cité des Arts de la Rue, imaginée par Michel Crespin, fondateur et directeur de Lieux Publics, et Pierre Berthelot, co-directeur artistique de la compagnie Générik Vapeur en 1995, est loin d’être une utopie.

Officiellement inaugurée le 30 novembre 2013, lors de l’année où Marseille était Capitale Européenne de la Culture, la Cité s’étend aujourd’hui sur 36 000 m², comprenant 11 000 m² de bâtiments, 12 500 m² de rues, places et passages, ainsi que 12 500 m² d’espaces verts.
Elle accueille une dizaine de structures dédiées aux arts de la rue, offrant un écosystème complet pour la création artistique, la formation, la construction scénographique, la médiation culturelle et la diffusion des œuvres.

En février 2025, la Ville de Marseille, propriétaire des lieux, a transmis les rênes de la gestion à l’association pionnière Lieux Publics, afin de faciliter la mise en œuvre des projets de transformation.

Depuis les Quartiers Nord, Lieux Publics pilote la plateforme européenne IN SITU (plateforme de création artistique dans l’espace public) et coordonne les autres habitants de la Cité des Arts de la Rue. On y trouve les poids lourds des structures qui ont aidé à poser les fondations du lieu.

Générik Vapeur, la compagnie de théâtre de rue musical créée en 1983 par Caty Avram (cantatrice rock) et Pierre Berthelot (comédien d’engins), en fait bien sûr partie. Son « trafic d’acteurs et d’engins » a sillonné les rues, places et quais de Marseille depuis des décennies.

Bâtisseur de projets culturels territoriaux, Karwan est quant à lui le maillon indispensable de la chaîne entre les artistes et les commanditaires, en se chargeant de la production et de la diffusion des œuvres.

Au fond du site, on entend les machines (perceuses, disqueuses, meuleuses et autres instruments de musique mécanique) de Sud Side avant d’apercevoir son enseigne sur le fronton de ses immenses ateliers. Quarante ans de passion pour les belles mécaniques : motos à l’origine, puis ensuite toutes sortes de créatures d’acier qu’on croirait sorties d’un film de Jeunet et Caro : un avion, des robots, un manège, une flottille de mobylettes pour jeunes filles prêtes à mettre la poignée en coin… Rien ne semble impossible pour ces artistes enchanteurs.

On y trouve aussi le Bureau des Guides - GR2013, qui regroupe des artistes-marcheurs. Il s’était fait connaître il y a quelques années en créant un sentier unique en son genre, traversant les divers paysages de la région marseillaise, mêlant zones urbaines, périurbaines, industrielles, agricoles et naturelles.

L’association Lézarap’art, elle, continue d’utiliser le champ culturel comme outil de dynamisation sociale et territoriale, favorisant ainsi la mixité sociale et générationnelle entre les artistes et les habitants.

En sillonnant les rues de la Cité, vous découvrirez peut-être aussi la compagnie de danse contemporaine Ex Nihilo ou le collectif de théâtre contemporain Géna en répétition.
Vous pourrez également apercevoir le nouveau laboratoire pictural à grande échelle, baptisé « À l’échelle II », intervenir sur l’ancien « mur du fond ».
Jean-Baptiste Sauvage, lui, est l’un des rares artistes solos de la bande, mais pas le moins actif. Pensées à Marseille, ses interventions dans l’environnement urbain ou dans les espaces d’exposition se déploient partout en France.
Enfin, la Cité accueille depuis peu une école : la FAI-AR, un centre de formation supérieure d'art en espace public. Ici, la théorie rejoint la pratique, puisque les élèves interviennent sur de nombreux aménagements sur site, des bancs voluptueux du boulodrome jusqu’au jardin bucolique de la Cité des enfants.

Le projet de requalification du site coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle génération de résidents, remplaçant au fur et à mesure les pionniers bâtisseurs de la Cité des Arts de la Rue, à l’image de son nouveau directeur, Alexis Nys.

L’objectif principal est d’ouvrir davantage la Cité au public et de renforcer les liens avec les quartiers environnants. Pour cela, plusieurs axes vont être travaillés dans les prochaines années.

La transformation du bâtiment principal en espace de convivialité permettra de mieux accueillir le public, qui vient déjà de plus en plus nombreux assister à des spectacles dans la grande salle ou à des rassemblements conviviaux sur la terrasse lors des événements mensuels baptisés « Un dimanche aux Aygalades ».

L’augmentation des espaces verts ambitionne de reconnecter le site au ruisseau des Aygalades, longtemps laissé à l’abandon, et d’embellir le cadre de vie des résidents.

La construction d’une passerelle sur le ruisseau des Aygalades devrait aussi faciliter l’accès et la connexion avec le quartier voisin de La Viste.

Ces évolutions visent à faire de la Cité des Arts de la Rue un espace culturel ouvert et intégré dans son environnement urbain, renforçant ainsi son rôle de pôle majeur pour les arts de la rue et l’espace public à Marseille.