Nouveau parcours archéologique en Méditerranée

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Publiée le lun 18/03/2019 - 01:00 / mis à jour le lun 18/03/2019 - 01:00

Le musée d’Archéologie méditerranéenne, installé dans le Centre de la Vieille Charité, offre au public, dès le 8 mars 2019, l’accès à l’un des plus remarquables ensembles architecturaux, ainsi qu’un tout nouveau parcours muséographique.

Il y a vingt-cinq ans, le Musée d’Archéologie Méditerranéenne ouvrait ses portes. Aujourd’hui, il fallait revoir la muséographie dans son ensemble pour offrir un parcours thématique et sociologique plus moderne au public.

Le discours de l’exposition propose une approche fédératrice du monde antique par le prisme des sociétés. Il souligne la permanence et la force créatrice des peuples et civilisations bordant la Méditerranée et montre le rôle novateur des civilisations proche-orientales, entre Tigre et Euphrate.

Certains objets retrouvent leur polychromie originelle, grâce à des vidéo-mapping par picoprojecteurs. Des techniques et savoir-faire antiques sont restitués dans des films ou projections minutieusement réalisés. Les éléments de médiation traditionnels - tels que textes et panneaux de section, cartes géographiques, notices, cartels - sont reformulés en fonction des nouvelles découvertes ou hypothèses archéologiques.

Le département Proche-Orient / Bassin Méditerranéen se découvre désormais à travers les objets les plus exceptionnels présentés, de façon thématique, géographique et chronologique, au choix du cheminement et de la réflexion de chacun.

Une invitation au voyage

De grandes civilisations et des inventions majeures pour l’homme ont vu le jour au Proche Orient et dans le Bassin Méditerranéen. Des progrès techniques et des savoir-faire, encore en usage aujourd’hui, ont été acquis et développés dans cette aire géographique. À travers la refonte du parcours permanent, l’exposition dessine les contours de cette histoire ancienne au quotidien…

Entré dans les nouvelles salles, le visiteur découvre l’une des premières civilisations urbaines, établie dans l’Orient mésopotamien au IVe millénaire avant notre ère. Il est alors évoquée l’invention de la ville - plutôt que sa naissance - car les Mésopotamiens ont non seulement modelé le milieu économique nécessaire à son émergence, mais aussi créé un urbanisme palliant la fragilité d'une architecture de terre.

Les grandes inventions sont aussi celles de l’écriture, puis de l’alphabet. Les conditions et mécanismes qui présidèrent leur apparition permettent de nuancer l’idée d’un simple glissement d'une écriture des choses vers une écriture des mots.

En effet, le Bassin Méditerranéen antique fut un laboratoire effervescent de systèmes d’écriture, où furent expérimentées des solutions tantôt éphémères et isolées, tantôt utilisées durant des millénaires par des peuples de langues très différentes - comme en attestent les alphabets grec et latin, encore employés de nos jours.

Pour ponctuer son voyage, le visiteur est invité à faire des escales, dans le temps et dans l’espace. Pourquoi pas Chypre ? Cette île au carrefour de l’Orient et de l’Occident, caractérisée tout au long de son histoire par le brassage des peuples et des cultures ; L’Afrique du Nord ? Là où les Phéniciens y installèrent différents comptoirs et élaborèrent la brillante civilisation punique, dont la ville de Carthage demeure le meilleur exemple ; Ou bien autour de la mer Egée, dans les Cyclades dont les célèbres idoles de « fécondité » inspirèrent de grands artistes modernes tels que Picasso et Brancusi ; Ou plus généralement, à la découverte des civilisations minoenne, mycénienne et du monde grec.

Une autre entrée est aussi possible : celle des mythes, des dieux et des héros. Près de trois mille ans après leur naissance, les noms évoquant des personnages mythologiques gréco-romains, connus par les oeuvres littéraires de grands auteurs anciens tels Homère ou Hésiode, sont encore familiers au public. Ulysse et le chant des sirènes, Achille et son fameux talon, Héraklès et ses douze travaux, la terrible Méduse, ou encore l’enlèvement d’Europe, le bel Apollon, le complexe d’Oedipe… autant d'expressions et de mythes que la civilisation européenne n'a jamais oubliés.


Le visiteur pourra s’arrêter sur l’importante collection de céramiques du musée, dont la présentation a été épurée. Son attention pourra se porter sur le répertoire ornemental des vases de Corinthe et d’Etrurie, et ainsi constater que malgré la distance qui sépare ces deux régions, elles ont en commun l’attrait pour les frises d’animaux affrontés, les bestiaires fantastiques et les motifs végétaux stylisés.

Quant à la céramique attique, la collection du musée est suffisamment riche pour rendre compte de son évolution, de la figure noire archaïque à la figure rouge, en passant par la production de vases à fond blanc…

Le nouveau parcours accorde également une place importante à des sujets sociologiques récurrents, tels que les diasporas ou la condition de la femme. Dans le premier cas, l’Italie du Sud, probablement la région la mieux connue du monde grec antique, est particulièrement intéressante pour comprendre l’appropriation de l’espace colonial, l’interaction avec les populations indigènes et l’urbanisation des nouvelles installations.

Dans le second cas, les apparences sont parfois trompeuses. Les représentations féminines, le plus souvent dédiées aux divinités, sont très éloignées de la réalité de la condition de la femme, qu’elle soit athénienne, corinthienne ou spartiate. Car si cette condition peut varier d'une cité et d’une période à l’autre, l’existence de la fillette à la femme mûre - souvent programmée dès la naissance - suit un cours quasi immuable.

Et puisque cette histoire ancienne est aussi celle du quotidien. On ne peut la comprendre que par certaines actions qui scandent la vie des peuples antiques: les rituels en sont un bon exemple. Il est abordé ici, le sacrifice, avec ou sans effusion de sang, comme principal moyen pour l'individu ou pour le groupe de communiquer avec les dieux ; le banquet, notamment à travers la figure emblématique de Dionysos, divinité civilisatrice qui appris aux hommes le savoir-boire ; et les funérailles, dans toute leurs complexités et leurs variétés. Elles reflètent la place privilégiée accordée au défunt par les civilisations antiques abordées, pour lesquelles nulle résurrection n’était attendue.

Une cohérence chronologique est toutefois conservée. La nouvelle exposition permanente a été conçue pour permettre au visiteur de construire son parcours au grès de ses envies, palliant ainsi la linéarité de l’espace contraint par l’architecture. L’histoire prend ici fin par le rayonnement de la culture romaine sur l’ensemble du monde méditerranéen et de l’Europe de l’Ouest, en passant par la Mer Rouge et la Mésopotamie. Force est de constater que la domination de Rome façonna l’identité de notre civilisation occidentale dans des domaines tels que le droit, les institutions, l’organisation politique, les lois et l’administration, l’art et la littérature, l’architecture et la technologie, les langues et la religion. La civilisation romaine participa ainsi d’une forme de « mondialisation », qui va résister pendant huit siècles.

Les focus thématiques

Des focus thématiques sur plusieurs savoir-faire antiques, les τέχναι (technaï), sont proposés au visiteur pour qu’il puisse apprécier de lui-même la maitrise technique des artisans de l’époque et dans bien des cas, la prouesse dont relèvent certaines créations.

Le travail du verre Le travail du bronze La palette des peintres

Pour comprendre ces savoir-faire, un important travail d’expérimentation a été réalisé en amont. Les chaînes opératoires sont rendues visibles et explicitées au visiteur grâce à la captation vidéo des expériences réalisées par différents archéologues et spécialistes. Quand cela a été jugé pertinent, des projections sur les objets authentiques eux-mêmes ou sur leur fac-similé sont également proposées, afin de mieux rendre compte d’un état originel possible.

Dans tous les cas, le visiteur pourra apprécier les objets issus de l’expérimentation ici exposés et mettre en regard l’authentique et le contemporain « à l’antique ».

Des dépôts exceptionnels : Le Louvre et le DRASSM

Les dépôts entre musées sont une pratique partenariale de collaboration et d’échanges dans le monde muséal : ils permettent aux musées déposant et dépositaire une collaboration scientifique et culturelle, ainsi qu’un acte fort de confiance et de diffusion des oeuvres d'art.

À la différence d'un prêt pour une exposition temporaire, dans le cadre duquel les objets sont prêtés pour plusieurs mois (trois à douze mois environ), le dépôt s'effectue sur plusieurs années renouvelables (une à dix années). Le dépôt permet au musée déposant de présenter des objets complétant le discours pédagogique ou esthétique dans la collection permanente du musée dépositaire.

Dans le cadre de la collaboration du musée d’archéologie méditerranéenne de Marseille avec le Musée du Louvre, le dépôt permet d'enrichir le parcours scientifique de la collection et plus précisément, de combler des lacunes géographiques et chronologiques. Cette collaboration est ancienne, puisqu’en 1916 déjà, le Musée du Louvre effectuait un dépôt en faveur du musée des Antiques de Marseille.

En 2019, ce nouveau dépôt de douze exceptionnelles oeuvres proche-orientales et phénico-puniques, selectionnées avec Hélène Le Meaux (Louvre), dote le musée d’archéologie méditerranéenne de Marseille d’un continuum historique et géographique pour mieux rendre compte des dernières recherches et hypothèses émises par les archéologues.

Les cinq stèles provenant du cimetière punique de Carthage, ainsi que les briques et tablettes inscrites de Mésopotamie, offriront aux visiteurs un exemple inédit dans un musée d'archéologie français, des tout débuts de l'écriture, et des rites funéraires phénico-puniques.

La qualité exceptionnelle de ce dépôt participe à une nouvelle réflexion sur les liens entre toutes les civilisations du bassin méditerranéen.

Trente-sept mille oeuvres dont le Louvre a la responsabilité sont actuellement déposées en région. Vingt-deux objets des collections de ce département, provenant principalement des fouilles des années 1898-1909 réalisées par Jacques de Morgan à Suse, au sud ouest de l’Iran, y ont en effet été déposés : le magnifique lion en faïence, le relief aux sphinx, les céramiques peintes, briques inscrites et clous de fondation contribuent à retracer l’histoire de la ville de Suse. Jacques de Morgan s’est installé à Marseille à la fin de sa vie et a légué également quelques objets directement au musée archéologique de Marseille.

Le Département des recherches d'archéologie subaquatique et sous-marine est un partenaire complice et bienveillant des Musées de Marseille, notamment avec le musée d’Histoire et celui d’archéologie, depuis de nombreuses années.

Avec cet important dépôt au musée d’archéologie méditerranéenne, c'est une collaboration scientifique et technique qui se pérennise pour mieux représenter le thème "Mare-Nostrum".

Le dépôt de trois nouvelles amphores, de bouchons, de lingots de cuivre et d'étain, tous issus d'épaves marseillaises ou corses, permet désormais de mieux illustrer les échanges commerciaux qui ont eu lieu dans le bassin méditerranéen : ces amphores, destinées au stockage et au transport du vin ou de l’huile, font écho à la vaisselle de table exposée ; les lingots illustrent les techniques d'alliages cuivreux et le transport des matières premières presque exclusivement par bateau.

Le département Egyptologie du musée d’archéologie méditerranéenne

De l’Égypte au Proche Orient, la richesse des collections. Installé depuis 1989 au sein du Centre de la Vieille Charité à Marseille, le musée d’Archéologie méditerranéenne constitue un lieu de visite remarquable. Détenteur dans ses collections d'oeuvres souvent exceptionnelles, le musée offre un vaste panorama de l’art des civilisations du pourtour méditerranéen et Proche-Orient.

Le musée d’Archéologie méditerranéenne, c’est donc également une importante collection d’antiquités égyptiennes. La scénographie du lieu évoque celle des temples et tombeaux égyptiens, et contribue au dépaysement du visiteur : cinq espaces se succèdent, permettant d’appréhender les collections sous différents éclairages thématiques.

En 1861, la Ville de Marseille fit l’acquisition de la collection du docteur Antoine Barthélémy Clôt, passionné d’égyptologie, honoré du titre honorifique de Bey par l’Égypte. Des pièces uniques au monde comme les quatre stèles orientées du général Kasa, seul ensemble complet connu à ce jour, y sont exposées. Une autre pièce majeure est la table funéraire du scribe de la Place de la Vérité Qenherkhepechef. Le caractère exceptionnel de cette table dite de “Clôt Bey” tient aux trente-quatre cartouches royaux associés aux offrandes. Egalement le bas relief daté du règne de Ptolémée VIII Évergète II, l’arrière grand père de la grande Cléopâtre, provenant de la rive orientale de Thèbes, plus précisément du “temple de l’est” de Karnak, figurant la déesse Mout coiffée du pschent, main droite levée en un geste de protection. Ce beau linteau, dont nous ne possédons qu’une partie, se partage les faveurs de musées prestigieux, tels que Le Louvre et Berlin. Des objets de la vie quotidienne égyptienne viennent également compléter cette collection, ainsi que de magnifiques sarcophages, stèles funéraires polychromes et momies.

Le Musée d’Archéologie Méditerranéenne de Marseille (le MAM) expose la seconde collection de France d’égyptologie, après celle du musée du Louvre.

Infos pratiques

Musée d’Archéologie Méditerranéenne – CENTRE DE LA VIEILLE CHARITÉ 13002 Marseille HORAIRES : 9h30 à 18h du mardi au dimanche Fermeture hebdomadaire le lundi (sauf Pâques et Pentecôte) et 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 et 26 décembre Accès gratuit dans les musées le 1er dimanche du mois TARIFS : Collections permanentes : 6 € / 3 € tarif réduit PASS MUSEES : 45 € / 35 € tarif réduit - individuel et nominatif - validité : 1 an

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