Le Chateau Borély : Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode

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Publiée le mar 25/07/2017 - 02:00 / mis à jour le lun 02/08/2021 - 02:00

Jonché au fond du parc éponyme, le Château Borély a réouvert après quatre ans de rénovation. Le lieu qui date de 1768 est aujourd'hui classé monument historique, le magnifique écrin est aujourd’hui, l'un des musées les plus visités de la ville.

Le château Borély est une demeure emblématique de l’aristocratie Marseillaise du XVIIIème siècle. Elle a été édifiée par la famille Borély, de célèbres négociants, en 1768. Son exécution avait alors été confiée à l’architecte Marseillais Esprit Brun. En 1856, la demeure est cédée à la Ville et à l’industriel Paulin Talabot par Gaston de Panisse – Passis, fils héritier du Domaine Borély. L’architecte paysagiste Alphand fut en charge de l’aménagement du parc, et dès 1864, la promenade du parc pouvait s’associer à une visite du Château et de son musée, alors consacré à l’archéologie. Le musée demeurera à cet endroit jusqu’en 1989 où il déménagera à la Vieille Charité. Après une période durant laquelle la demeure est un lieu d’exposition temporaire, elle est fermée au public en 2003, avant d'être rouverte en 2013 avec l'étiquette Musée des Arts décoratifs, de Faïence et de la Mode.

Après une rénovation de plus de quatre ans, le Château Borély réouvre ses portes au public en devenant un musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode. Aujourd’hui classée monument historique, la bastide des Borély se présente à la fois comme elle l’était à l’époque de sa construction et comme un écrin pour les collections d’art décoratif des musées de Marseille. Pour avoir une vision panoramique des arts décoratifs, le musée de la mode s’est invité au Château Borély, afin d’inclure le textile à cette riche collection. Le principe de ce musée est d’entrer dans cette bâtisse comme si on était invité chez les Borély.

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Le Chateau Borély
Le Château Borély

Le musée est partagé entre « period room » qui sont des pièces historiques présentées comme elles étaient à l’époque des Borély, et les « espaces restitués » où sont présentés des objets plus contemporains. Dans ces « period rooms », on se retrouve dans la maison d’une grande famille du XVIIIème siècle, avec des décors, soit originaux appartenant à Borély, soit provenant de bastides de la même époque. Dans les « espaces restitués », on retrouve une muséographie plus contemporaine. Le département Mode permettra de découvrir des couturiers et créateurs grâce à des présentations régulièrement renouvelées. Des œuvres contemporaines spécialement créées pour le nouveau musée s'insèrent dans le parcours.

Ce musée a pour ambition de se placer au rang des grandes institutions Française telles que le Musée des Arts Décoratifs de Paris, Le Mobilier national, la Cité de la céramique ou le Fonds national d’art contemporain.

Le parcours de l'exposition

L’entrée du château se situe sur la façade sud (à l'opposé des jardins). On pénètre alors dans un large vestibule où se situe l’escalier d’honneur. Il suffit de le traverser afin d’accéder à l’enfilade sur le jardin destinée aux réceptions, composée d’un grand salon, d’une chambre et du salon doré. La galerie de l’ouest reliait les deux façades.

L’étage quant à lui était plutôt destiné à l’intimité de la famille. On y trouve les chambres, un grand salon où était exposée la collection de tableaux, le bureau-bibliothèque et une chapelle dont la coupole est indécelable depuis l’extérieur.

Le Salon doré : Donnant sur la façade nord, avec vue sur les jardins du parc Borély. C’est cette façade qui est la plus fréquentée en été à l’époque des Borély car elle assure une ambiance plus fraîche. Le Salon Doré est ainsi nommé à cause de ses décors somptueux, exposés au soleil couchant de façon à ce que les dorures flamboient en fin de journée. Cette pièce était destinée aux réceptions, et son décor la rendait spectaculaire.

Aujourd’hui le salon doré a été restitué à l’identique ou presque. La pièce maîtresse de la collection de ce salon est la baquette qui orne le mur du fond : la Radassière. C’est une grande assise en tapisserie de huit mètres de long environ. Elle prend place dans une alcôve délimitée par des colonnes dorées. Elle dispose de huit coussins de dossier et d’assise et elle a fait la célébrité de Borély.

Ce type de banquette n’est pas propre au Château Borély, il est fréquent d’en trouver dans les bastides provençales jusqu’au XIXème siècle.

La Grande Galerie : Elle présente une grande collection de céramique, afin de rappeler que l’âge d’or de la céramique marseillaise est le XVIIIème siècle. Les objets sont issus des grandes collections des musées de Marseille, principalement celle du musée de la Faïence, fermé depuis décembre 2012.

Cette galerie met également à l’honneur la collection Jourdan Barry qui compte plus de 200 pièces. L’exposition retrace quatre grands thèmes : la monochromie, les poissons, les pièces de formes et un très grand répertoire de fleurs.

Outre cette présentation dans la galerie, les faïences sont présentées tout au long du parcours muséographique en contexte comme dans la salle à manger et le cabinet des bains.

La Salle des Cuirs : Dans cette salle on peut admirer un décor rapporté mais datant de la même époque que le château Borély. Les murs sont recouverts d’une grande tenture de cuir italien du début de 1710 appartenant à la Ville de Marseille. Cela permet de restituer le cadre de vie des familles marseillaises de l’époque. On note aussi la volonté de développer la notion de décors privés et intime propre à Borély. Dans ce cadre particulier on peut admirer les Faïences de Moustier.

Une exposition sur deux étages

Tout le parcours est jalonné d’œuvres contemporaines. En haut des escaliers majestueux de la demeure, on trouve un grand vaisselier d’apparat contemporain : Illusion du réel de Magdalena Gerber. Il représente en 64 assiettes de porcelaine, une sorte d’historique du chantier Borély. Les 64 pièces de cette installation ont été imprimées, regravées et dorées pour évoquer la vie actuelle de la bastide. Les images sont issues des vidéos réalisées in situ durant la rénovation des lieux.

C’est une œuvre clin d’œil à la vie de la famille Borély puisque le Château était fréquenté durant la saison estivale, la saison de chasse et les premiers beaux jours et que la famille recevait souvent de nombreux invités.

Le cabinet des curiosités : Anciennement ce lieu était une bibliothèque à laquelle on a donné l’aspect d’un cabinet de curiosité en y apportant des collections d’objets exotiques souvent mises à l’écart dans les musées classique. Au centre de la pièce on retrouve le bureau de Louis Joseph Denis Borély avec son fauteuil tournant qui matérialise cet espace de travail. Cette pièce retrace l’Histoire des collectionneurs Marseillais du XIVème siècle, fascinés par les arts extra-européens et qui ont offert à Marseille des collections de verres chinois, de jades, de tabatières…

Ces arts extra-européens se retrouvent dans l’avant chambre. Celle-ci présente entre autre un salon japonais, du mobilier chinois et indo-portugais. Ces collections ont été données aux musées de Marseille par de grands mécènes tels que Jules Cantini dont l’hôtel particulier est également devenu un musée.

Le Grand salon de l'étage : Le musée Borély est partenaire de grandes institutions parisiennes comme le musée des Arts décoratifs, Sèvres Cité de la Céramique comme celle du CIRVA à Marseille. Cela lui a permi de bénéficier d'un dépôt majeur de céramique et de verre contemporain.

Le grand salon de l'étage, ancienne salle de billard est dédié à la présentation des collections contemporaines. Cette salle a pour vocation d'accueillir des œuvres présentées de manière temporaire, offrant ainsi une vision renouvelée et actualisée de la création dans le domaine des arts décoratifs et du design.

La première sélection provient de la manufacture de Sèvre et permet d'apprécier des œuvre de designer et artistes reconnus tels que Hans Arp, Ettore Sottsass ou le designer Pierre Charpin.

La table où sont posées les œuvres fait écho avec le plafond dans un jeu de lumière qui suffit à éclairer toute la pièce.

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La chambre d'apparat
La Chambre d'apparat

La Chambre d'apparat : Située sur la façade nord, la plus fraîche en été, la chambre d'apparat, proche de la chapelle, est dotée d'un boudoir et d'une garde-robe dissimulés dans le mur. Elle a conservé une grande part de son décor original : ses gypseries, ses dessus-de-porte en grisaille et son soubassement de toiles peinte imitant les boiseries en trompe-l'œil.

Chaque panneau de tenture est composé d'un motif central : un arbre de vie aux branches tourmentées et fleuries prenant naissance sur un petit rocher à motif d'écailles, d'une bordure à décor fleuri composant l'alentour à la manière d'un tapis.

Le département de la mode : Les collections proviennent de l’ancien musée de la Mode situé sur la Canebière. Le fond des collections est riche de plus de 10 000 pièces ce qui permet de le présenter sous un angle thématique en présentant une vingtaine de pièces à chaque fois.

Le premier accrochage est dédié à l’impression dans la mode. La visite s’accompagne d’une création sonore de Simon Cacheux qui rappelle le bruit des étoffes.

La création de Michaële-Andréa Schatt replace la mode dans la dimension de demeure habitée que la muséographie de Borély a voulu garder. Un manteau de cuir posé sur une duchesse historique propose une réflexion sur le vêtement non mannequiné, afin d’évoquer le devenir du vêtement privé de son corps.

 

Fabien Cassar

Infos pratiques

Château Borély

132, avenue Clot Bey

Parc Borély

13008 Marseille

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