Au centenaire de la mort de Gaby Deslys, il fallait rendre un vibrant hommage à cette marseillaise devenue star mondiale du Music-Hall, et trop oubliée. C'est fait, grâce au roman de Sylvia Poncet et à une exposition au Château de la Buzine.
Tout le monde connaît, à Marseille, la villa Gaby sur la Corniche mais qui peut parler de sa propriétaire qui a légué cette maison et toute sa fortune à la Ville de Marseille pour en faire un hôpital d'enfants? Qui sait qu'une marseillaise a inventé le Music-Hall avec ses plumes, ses descentes d'escalier et ses girls, avant Mistinguett ou Joséphine Baker? Qui sait que Gaby Deslys était une star mondiale, la Madonna de l'époque? Moderne et libre, intelligente et féministe, refusant toute sa vie de se plier au diktats des conventions sociales de son époque, elle devrait être une des personnalités les plus connues de Marseille. Pourquoi l'avons nous laissé dans l'oubli?
L’ouvrage "Gaby Deslys, Reine du Music-Hall" de Sylvia Poncet remet en lumière cette femme incroyable, son ascension mouvementée au milieu de la Belle Epoque et de grands personnages, et offre visions et secrets du Vieux Marseille. Un premier roman qui conjugue sa passion du spectacle, de Marseille, de l’Histoire et des grandes héroïnes.
Gaby naît en 1881 à Marseille, dans le quartier du Chapitre. Elle part, à dix-neuf ans, à l’assaut de la capitale puis du monde. Sa vision révolutionnaire du Music-Hall en invente tous les codes, bien avant Mistinguett et Joséphine Baker : les girls, la descente du grand escalier, les chorégraphies millimétrées, la débauche de plumes, de strass et de paillettes. Elle disparaît avant quarante ans, laissant un grand héritage artistique et financier, léguant sa fortune à sa chère ville natale qu’elle n’oublia jamais d’aimer.
Perles plumes, strass et paillettes au Château de la Buzine
Gaby Deslys a été ce que serait une Brigitte Bardot, cinquante ans plus tard. Une superstar ! Adulée en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, couverte de bijoux, de cadeaux et de fourrures par ses admirateurs, people avant la lettre, elle a fait le bonheur des gazettes, posé pour des « réclames » et des clichés de mode, suscité quelques scandales et constitué, véritablement pierre à pierre, un patrimoine immobilier considérable dont le joyau fut cette somptueuse demeure de la Corniche, à Marseille, qui est restée la Villa Gaby.
Rien ni personne ne résistait à son charme, auquel succomba le jeune roi du Portugal, Manuel II ! Avec son partenaire américain Harry Pilcer, elle ramena des Etats-Unis cette musique syncopé qui allait conquérir la France : le jazz. Avec lui, le pays changerait d’époque pour entrer dans les Années Folles. Femme libre et indépendante, en avance sur son temps, elle gérait carrière et affaires avec autorité et devint l’incarnation du charme français et du chic parisien à l’étranger, une véritable ambassadrice.
Elle est vraiment LA vedette marseillaise à citer en exemple et à faire connaître, car elle est par ses choix audacieux l'incarnation de ces femmes émancipées qui se sont battues pour le droit de vote, pour le droit de travailler, et pour certaines, en choisissant une vie différente de celle qui était leur lot dès la naissance, comme la vie d'artiste, en laissant derrière elles famille et mari.
Ses toilettes extravagantes, ses numéros novateurs et souvent audacieux au théâtre, son art du décolleté, son sens du business, ses animaux de compagnie, ses parures précieuses, et son goût du spectacle qui la montrait comme en perpétuelle représentation ont tissé la légende d’une étoile filante que sa mort tragique à moins de 40 ans n’a fait que magnifier.
« Elle est la quintessence du soleil et de l’été, Et la douce lumière des vignobles de Provence Luit dans ses yeux magnifiques… Ce sont les yeux d’un enfant qui ne sait rien, Voilant l’âme d’une femme qui sait tout… »
(James Douglas – 1909)
Gaby Deslys 1/2