Alors qu’il vient de livrer « Play Me Again », son quatrième album, Kid Francescoli est à l’affiche du festival Marsatac au côté de M Oizo ou Nicolas Jaar. Quelques jours avant de fouler la scène du Parc Chanot, il se confiait, dans son studio rue Paradis, sur sa musique pop, ses amours et ses inspirations. Rencontre avec cet artiste Marseillais qui tire son nom du célèbre joueur de foot.
J’ai sorti mon premier album en tant que Kid Francescoli en 2006. Puis un deuxième en 2010. A l’époque, je n’étais pas encore musicien professionnel. Entre 2010 et 2014, j’ai accompagné Oh Tiger Moutain sur scène et c’est là que j’ai commencé à vivre de ma musique et à me professionnaliser véritablement. En 2014, après un voyage aux Etats-Unis, j’ai sorti « With Julia ». Depuis, j’ai participé au projet Husband et j’ai sorti mon quatrième album « Play Me Again ». On a commencé la tournée en espérant qu’elle soit aussi longue et intense que la précédente.
En 2014, je suis parti à New-York pendant deux mois. J’ai eu la chance de donner quatre concerts dans des petites endroits et c’est à la suite d’un de ces concerts que j’ai rencontré Julia. On était exactement dans le même état d’esprit. Elle voulait aussi expérimenter des choses artistiques et faire des rencontres. On a donc commencé – avant toute chose – à faire de la musique ensemble.
On est tombé amoureux. Puis on s’est séparé, et on s’est perdu de vue. Il y a bien eu un ou deux ans avant qu’on se reparle. Un jour, on a repris contact en se disant qu’on voulait continuer à faire de la musique ensemble. J’avais déjà accumulé pas mal de choses de mon côté. Je lui ai fait écouter, elle a chanté par-dessus, et ça a fait mouche à chaque fois. C’est comme ça qu’est né « With Julia ».
« L’amour c’est un sujet d’inspiration sans fin. Plus que l’amour c’est la frustration amoureuse qui engendre la créativité. »
C’est un peu la suite de nos aventures à Julia et à moi. Suite à notre tournée, elle s’est installée en France. Et là on s’est dit qu’on voulait continuer à bosser ensemble. La fluidité de nos échanges et notre manière de composer ensemble a fini par grandir. En musique, quand quelque chose se fait naturellement, il ne faut surtout pas le freiner. Il faut aller dans ce sens car c’est rare d’avoir l’inspiration comme on a pu l’avoir sur « Play Me Again ».
Encore une fois des relations amoureuses. Des doutes qu’elles engendrent. De la joie, de la mélancolie. Du jeu du chat et de la souris. Et puis du regard de Julia sur Marseille.
L’amour c’est un sujet d’inspiration sans fin. Plus que l’amour c’est la frustration amoureuse qui engendre la créativité. Quand tu es avec quelqu’un et que tout se passe bien, c’est pas vraiment propice à l’écriture. Mais le fait de se retrouver, de se chercher c’est inspirant. L’amour c’est aussi quelque chose qui te transforme, qui te fait sentir que tu as quelque chose en plus, que tu es un peu différent.
Musicalement, j’ai été très inspiré par le hip-hop et le RnB notamment sur « Bad Girls », « Pick Me Up » ou « From America », et par les musiques de films. Personnellement, j’écoute le plus de musique possible pour essayer de m’en nourrir.
Je dirais d’abord « L$D (Love x $ex x Dreams)» d’Asap Rocky, qui est un véritable crossover entre du hip-hop et de la pop planante, assez magique. Et puis « Self Control » de Frank Océan, un morceau en deux partie plutôt magistral. Voir un artiste prendre un risque, ça te donne envie de faire pareil.
Je viens tous les jours au studio et j’essaye d’enregistrer ce que j’appelle des boucles, c’est-à-dire des suites d’accord ou des thèmes – guitare, batterie, sifflet. Puis ça devient, à force de bosser dessus, et presque comme par magie, des chansons. Après c’est pas toujours la même chose, donc j’ai pas vraiment de méthode à proprement parler.
On réfléchit à la suite. D’abord, on doit mener à bien nos projets solo mais ensuite je pense qu’on ressortira un album ensemble.
A force de voyager, j’ai appris à vraiment apprécier la ville dans laquelle je vie, et tous les plaisirs qu’elle offre comme le fait de se baigner en fin de journée. Les voyages c’est bien mais le fait de jouer ici c’est encore mieux.
Depuis 2013 et la Capitale de la Culture, les choses n’ont pas mal changées. Rien que sur le Vieux-Port, je vois, moi qui habite là-bas, la horde de touriste qui se dirigent tous les jours sous l’ombrière. Après, musicalement, il y a de plus en plus de DJs et plus en plus de choses qui se font. La ville évolue dans le bon sens. Faut arrêter de se comparer à Paris ou à New-York parce qu’on n’est pas ces villes-là. On est autre chose, et ça n’empêche pas qu’on soit très bien ici. On peut pas tout avoir de toute façon.
Au début c’était difficile. Mais aujourd’hui, les gens écoutent tellement de styles de musique différents que y a plus de barrières, et donc plus besoin de se distinguer. Etre de Marseille ça nous démarque aussi d’une certaine manière par rapport aux artistes de Paris. Et puis on a réussi à créer une véritable petite scène marseillaise.
Je suis ravie de faire à nouveau partie de la programmation au côté de Nicolas Jaar ou M Oizo. C’est quand même des artistes extraordinaires et je remercie le festival pour ça.
Je n’y ai jamais joué et j’ai jamais vu de concerts là-bas mais je suis plutôt curieux. Les scènes sont plus grandes qu’à la Friche donc ça promet des concerts énormes et beaucoup plus de monde !
Je fini la tournée et puis je vais commencer doucement à bosser sur mon prochain album.
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