LE ROSÉ

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Publiée le mer 12/08/2015 - 02:00 / mis à jour le mar 03/08/2021 - 02:00

De plus en plus qualitatif, le rosé de Provence reste le vin plaisir pour tous. Accessible, désaltérant, varié, facile, de couleur chaleureuse, ce vin fait souffler sur la table comme un vent de liberté.

A l’instar du vin, le rosé n’est défini ni défendu par aucun texte législatif. La controverse du mélange blanc mélangé à du rouge a donc de beaux jours devant elle. Longtemps peu considérée, la couleur rose est aujourd’hui devenue celle de l’été. L’engouement du consommateur a poussé le vinificateur à de réels progrès. A moins que ça ne soit l’inverse... Entre gris, fruité, sec, frais, le choix est désormais vaste pour des vins de soif qui évoluent de plus en plus vers ceux d’excellence, avec de réelles « étiquettes de noblesse ».

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Le rosé, la star de l'apéro en été
A consommer avec modération

Le vin rosé est le plus ancien que l’on connaisse. Il est apparu sur les rivages méditerranéens, il y a plus d’un millier d’années. L’étude des représentations grecques ou égyptiennes montre une élaboration de vins clairs qui ressemble à celle du rosé, à partir de raisins foulés ou pressés et sans macération (qui est la base de fabrication du vin rouge). Dans les monastères, on est assez fan de ce vinum clarum, ancêtre du clairet bordelais. La Renaissance garde elle aussi ce goût du ni blanc ni rouge, en attestent des détails de carafes et de verres des peintures flamandes ou hollandaises. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe s. que les préférences évoluent du rosé vers le rouge. Après la crise du phylloxera, on replantera donc en raisins particulièrement colorés. Alors que le rosé a guidé la consommation pendant des siècles, la préférence passe alors nettement au rouge. Le rosé ne compte pour presque plus rien dans le marché du vin, avant de connaître tout récemment, un regain d’attention. Désormais, la tendance revient au rose. La consommation a triplé en 20 ans pour atteindre en 2013, un tiers de la consommation totale de vin. Accessible, désaltérant, varié, facile, de couleur chaleureuse, ce vin fait souffler sur la table comme un vent de liberté.

En Provence, plus gros pourvoyeur de la couleur, les vignes sont arrivées avec les Grecs de Phocée qui ont implanté des pieds jusque dans la cité. Marseille est en effet né avec la vigne. Des pépins de marc de raison ont été retrouvés dans les récentes fouilles du quartier Bourse. La route des vins borde de grands sites naturels. De Sainte-Victoire aux coteaux dominants de Cassis, les paysages de vignes offrent de magnifiques tableaux diversifiés. La vigne colle à la Provence comme le thym et la farigoulette. Partout dans la région, le vignoble croise la pierre et les oliviers. Vin et huile d’olive se côtoient couramment dans les domaines qui n’oublient ni l’art ni la gastronomie. Festival Jazz à Beaupré, Festival Music en vignes au Château Paradis, art et architecture dans les vignes au Château La Coste, la Provence allie habilement la culture de l’esprit à celle du palais. Le rosé a ainsi les faveurs du Sud parce qu’il fait particulièrement bien écho à sa cuisine. Agneau en croûte, petits farcis, loup au fenouil, sardines grillées, artichauts barigoule, rien ne lui résiste. Qu’elle soit de poisson ou de viande, toute cette cuisine aromatique méditerranéenne se plait en accords clairs. La région jouit de typicités différentes. Le cinsault du Cassis fournit des roses pâles, vins fruités et fins ; alors qu’un peu plus loin, dans les Baux-de-Provence, grenache ou mourvèdre rajoutent structure et caractère. En Provence, les rosés saumonés restent légers, fruités, tendres, nerveux et aromatiques. Dans le verre comme dans l’assiette, la palette est riche pour qui aurait envie de savourer une Méditerranée rosée.

Marcel Pagnol

"Quand le vin est tiré, il faut le boire, surtout s'il est bon."

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grappe de raisin et vendanges
Vendanges en Provence

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