PICASSO - PICABIA, LA PEINTURE AU DÉFI

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Publiée le lun 23/07/2018 - 02:00 / mis à jour le ven 30/07/2021 - 02:00

Exposition chronologique et thématique, son parcours est une mise en parallèle des chefs-d’œuvre de ce tandem inattendu, de ces « frères ennemis », entre des divergences irréconciliables et une intrigante parenté notée dès le début de leurs carrières. Du 9 juin au 23 septembre 2018.

Des débuts du XXe siècle à 1973 - date de la mort de Picasso –, ce parcours s’articule autour des expériences les plus singulières de l’art moderne, du cubisme original et de ses suites, à l’esthétique mécanique dada, du classicisme ingresque en passant par le surréalisme « monstre », de la question de la figuration et du portrait, de l’usage de la photographie ou encore d’un retour à l’abstraction à la fin de la vie de Picabia.
Avec plus de 150 œuvres (peintures, dessins, photographies, archives etc.), c’est un parcours foisonnant à travers le siècle passé qui est proposé dans les 800 m2 d’espaces d’expositions du musée Granet. L’extrême liberté artistique de Picabia et de Picasso est le véritable fil rouge de cette manifestation unique proposant un nouveau regard sur la modernité.

Unis par des origines méridionales communes, l’Espagnol Pablo Picasso (1881-1973) et le Français de père hispano-cubain Francis Picabia (1879-1953), furent plus proches que ce que l’histoire en a retenu – et cela, pour une raison au moins : goûtant la même liberté d’expérimentation en art, leurs carrières respectives, pour différentes qu’elles soient, ne furent qu’une longue rupture avec l’idée même de style – cette soi-disant marque « unique » du créateur dans l’art occidental. Avec Picasso et Picabia, les métamorphoses de soi sont érigées en mode de vie. « Un peintre, disait Picasso, ne doit jamais faire que ce que les gens attendent de lui. Le pire ennemi d’un peintre, c’est le style ». Picasso et Picabia ne firent effectivement jamais ce que l’on attendait d’eux.

À l’impossible mission d’être exhaustif, Picasso Picabia propose plutôt, du fait de l’extrême richesse de leurs carrières, une traversée de l’histoire des mouvements artistiques du 20e siècle. Grâce à des œuvres étonnamment « jumelles » ou révélant au contraire des oppositions irréconciliables – à l’image exacte de leur relation –, l’exposition s’ouvre sur les débuts du cubisme vers 1907, puis s’empare de l’abstraction orphique, de l’esthétique du readymade et de la machine, du rôle de la photographie, du dessin néo-classique, du surréalisme, ou du recours, dans les années 1930 et 1940, à des expressions plastiques aussi opposées que le furent leurs sympathies politiques respectives. L’exposition se clôt sur des œuvres réalisées durant la décennie de leur disparition - en 1953 pour Picabia et vingt ans plus tard, en 1973, pour Picasso.

Leur amie Gertrude Stein avait bien remarqué une vraie-fausse gémellité, au caractère comme au physique. Paradoxale comme l’étaient les deux artistes, Stein af rmait que l’ « on dit parfois de Picasso qu’il est un peintre français et de Picabia qu’il est un peintre espagnol ». Comme les deux faces d’une même médaille, les œuvres de Pablo Picasso et Francis Picabia attestent d’un même désir viscéral – celui de porter malgré tout l’idée selon laquelle, dans ce siècle mélancolique disloqué par deux guerres, la peinture était encore aussi vivante qu’eux-mêmes.

L’exposition Picasso Picabia se déploie selon une dizaine de thématiques suivant un l chronologique, de 1907 au début des années 1970.

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