Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, est un artiste complet. Slameur, poète, auteur, interprète, cinéaste, s’il est actuellement sous les feux de la rampe avec son dernier album “Plan B”, le parrain de l’association “Sourire à la vie” se mobilise pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.
C’est compliqué de coller une étiquette dans le domaine du slam. C’est une discipline difficile. J’écris des textes pour moi mais aussi pour d’autres interprètes. J’écris des livres, des scénarios... Je suis auteur. Mais ça ne me pose aucun problème d’être qualifié de chanteur quand on fait référence à mon dernier album dans lequel il y a une partie chantée plus importante que dans les autres albums.
Cette envie d’écrire, cette passion des mots viennent d’abord de la chanson. J’ai eu la chance de grandir dans une famille qui écoutait des chansons françaises à texte. J’ai été bercé par Brel, Barbara, Ferrat. Puis au début des années 90, j’écoutais beaucoup de rap français avec MC Solar, IAM, NTM, Oxmo Puccino et d’autres rappeurs moins connus. Ma passion, mon envie d’écrire viennent de là.
Oui, j’ai été sollicité plusieurs fois mais je n’ai pas eu envie de m’engager. J’ai des idées, je me sens concerné par les problèmes politiques mais je ne maîtrise pas toutes les questions.
Je suis papa de deux jeunes enfants et je reste très préoccupé par l’avenir de mon pays et de la planète.
Bien sûr ! La ville de Saint-Denis m’a nourri, m’a inspiré. D’ailleurs, elle a révélé beaucoup de rappeurs parce que c’est une ville cosmopolite, multiculturelle comme Marseille. Elle m’a enrichi intellectuellement.
Marseille est la ville française où je me rends le plus souvent parce que j’y ai beaucoup d’amis et de famille. Mais aussi parce que je suis sous le charme de cette ville et, je le répète à chaque fois, au public marseillais qui vient m’écouter : Marseille, c’est un grand Saint-Denis au bord de la mer.
Un plan B, c’est un plan à part. J’étais destiné à vivre une carrière de sportif avant mon accident. Alors, c’est en partie vrai. Or, aujourd’hui je vis de ma passion, le slam, la musique. Mais c’est très amusant de se dire qu’on vit un plan B. Ce n’est pas péjoratif, c’est une deuxième chance, un nouveau départ !
Mes chansons ne sont pas diffusées sur les radios généralistes, ni dans les playlists, sauf lorsque je fais la promo de mes albums. C’est vrai que j’ai de très nombreux retours positifs sur cette chanson et c’est vraiment agréable. Elle est très personnelle, j’y parle de moi, du sentiment amoureux qui m’anime et paradoxalement elle touche énormément de gens. Mais je remarque, depuis que j’écris, que les textes les plus personnels deviennent les plus universels.
Personne en particulier. En revanche, je prends beaucoup de plaisir à partager ces moments artistiques avec d’autres interprètes.
J’avais juste envie de témoigner sur cet univers en rentrant en plein cœur à l’intérieur, avec ma caméra. Essayer d’être pédagogique. Que tout le monde sache que le milieu du handicap est un milieu très vivant, très drôle, rempli d’autodérision. D’ailleurs je n’ai inventé aucune vanne, elles sont toutes vraies. Et puis Grand Corps Malade, on s’en fout dans ce film. Ce qui est intéressant, c’est de donner
des clés au public pour que son regard change sur l’univers du handicap.
Oui, avec Mehdi Idir, avec qui j’ai co-réalisé “Patients”, nous sommes en pleine préparation de notre prochain lm dont le thème sera l’école. Dès cet été, nous allons tourner dans un collège de la banlieue parisienne situé en REP avec élèves, surveillants, familles,... C’est encore une histoire de destins qui se croisent.
Je suis moi-même concerné. Je pense que la France est très en retard sur la question du handicap par rapport à l’Allemagne ou les pays scandinaves où la question de l’accessibilité, par exemple, est traitée de façon plus pragmatique. À Paris, où je vis, les trottoirs, le métro, les lieux culturels ne sont pas tous adaptés pour les personnes en fauteuil roulant, c’est insupportable !
Tout d’abord, il faudrait commencer par changer le regard des autres. Les gens ne sont pas méchants, ils ressentent de la gêne face à une personne handicapée parce qu’ils ne savent pas quoi faire ou comment l’aborder. Je pense que pour pallier ce problème il faudrait mixer le public valide et les personnes handicapées dès le plus jeune âge. Par exemple, à l’école, pour que les enfants prennent l’habitude d’évoluer tous ensemble. Le grand problème du handicap est que cette société n’est pas encore prête.
Propos recueillis par Karine Michel
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